Le samedi est toujours une journée un peu étrange en termes de programmation aux Eurocks. Il faut concilier le besoin de fête des plus jeunes avec la sortie du weekend des familles. Il en résulte une sélection un peu trop hétéroclite et un petit manque de consistance globale. Ceci dit, on a eu droit à quelques belles surprises dans cette journée montagne russe.
tRuckks
On ouvre avec le rock à tendance punk de tRuckks. On ne peut évidemment pas passer à côté de la moyenne d’âge sur scène qui avoisine les 17 ans (selon nos sources bien renseignées). Ça ne semble pas vraiment perturber le groupe qui a visiblement déjà quelques concerts au compteur et un petit groupe d’ami-fan venu pour le soutenir.
BCUC
Une des prestations que j’attendais le plus ce weekend, la formation sud-africaine n’a pas déçu. Une basse monstrueuse, une section rythmique à faire trembler le sol jusqu’au lion de Belfort, un chanteur charismatique et une chanteuse à la voix de velours pour adoucir le tout, les sud africains ne manquaient pas d’arguments pour faire de nouveau convertis. Malgré l’horaire « début de journée » et un public arrivé là plutôt par hasard, l’ambiance monte rapidement sous le chapiteau.
Chronixx
Seul groupe de reggae présent cette année, on ne peut pas vraiment dire qu’ils auront fait briller les couleurs du drapeau rasta. Totalement soporifique et sans originalité, on repart vers la plage.
IAMDDB
Enième révélation rap US de passage e France, un large public attendait IAMDDB. Attendre est le mot approprié : le DJ commence à mettre le son 15min après le début du set prévu, puis notre chanteuse passe encore près de 10min à se faire désirer pendant que le DJ jette des coups d’oeil désespérés côté backstage. Beaucoup d’attitude sur scène, pas beaucoup de temps passé au micro. Même le public pourtant bien chaud au début du set jette l’éponge quand IAMDDB commence à essayer de leur gratter un joint après 1 morceau moyen.
Caroline Rose
Un des moments de fraicheur du festival, l’artiste américaine propose une pop déjantée, accompagnée de musiciens non moins déjantés et d’un chat empaillé en peluche. Musicalement, on ne renouvellera pas le genre, mais la prestation est énergique et sincère, tout ce qu’il faut pour passer un bon moment en festival.
Superorganism
Autre grand projet pop de l’année, débarqué en France à grand coup de marketing, Superorganism intriguait. L’album s’écoutait plutôt bien et la scénographie laissait présager une prestation scénique léchée : trio de choriste à ciré de pluie assortie, projection millimétrée avec la musique, musiciens charismatiques, il y avait tout ce qu’il fallait…. et finalement, c’est mou. On s’ennuie. Bref, un groupe à écouter à la maison.
Wednesday Campanella
Le moment WTF made in Japan, avec une electro-variet revival année 80. Esthétiquement ce n’est pas mon truc, mais tout est merveilleusement cohérent. Style vestimentaire, attitude, bande son lancée en amont (on ne s’embête pas avec un DJ) on se croirait presque sur un plateau TV de variété des années 80, le playback en moins. La Japonaise se paye même le luxe de tourner avec deux personnes en charge de l’éclairer en déplaçant des spots géants à la main. Je n’écouterais pas ça à la maison, mais on passe un bon moment décalé dans son concert.
At the Drive-In
Voila moins de deux ans que le groupe s’est reformé et tourne à nouveau sur les scènes mondiales avec leur post-hardcore inimitable. Sur scène, c’est un peu le jardin public, les adultes (comprendre tout le groupe sauf Cedric Bixler-Zavala) sont en arrière plan et s’appliquent à jouer de leur instrument pendant que le petit Cedric (qui n’est plus aussi svelte qu’à la grande époque, reconnaissons-le) joue à l’avant : petite crotte de nez sur l’objectif de la caméra, pied de micro qui vole, mouvement signature je-tape-dans-le-micro-avec-mon-pied, fesses en gros plan sur la caméra … bref, on rigole bien en regardant le spectacle. Par contre à l’issue du set, on a pas retenu grand chose d’autre du set que les acrobaties du chanteur hyperactif.
Moha la Squale
Encore un concert de rap à la plage des Eurockéennes. N’en déplaise aux détracteurs qui trouvent que « nan mais c’est plus les Eurockéennes là, c’est les EuRAPéennes, hu hu hu », c’est aujourd’hui dans les concerts de rap que l’on retrouve la majeure partie du public entre 16 et 25 ans, ainsi que l’ambiance des festivals : public venue en masse, costumes en tout genre, pogo géant, voir mosh pit, spam à gogo, etc.
Moha la Squale arrive sur scène après 30s d’intro de son DJ, accompagné d’un sourire béant (je précise les 30s, les show de rap à l’américaine avec 20 min de DJ qui passent un best-of en attendant que le MC daigne venir sur scène commence un peu à me fatiguer).
À contre-courant des modes actuelles, le son sonne légèrement oldschool, la voix est débarrassée de l’autotune, l’attitude humble et le lyrics intelligent. Moha la Squale a la banane et c’est contagieux ! Un artiste à suivre !
Viagra Boys
Pour le dernier show du jour, deux choix s’offrent à nous : Rick Ross et son pimp-rap ou Viagra Boys et son punk-synthé.
Ayant eu ma dose rap « tout dans l’attitude » avec IAMDDB, je me dirige vers Viagra Boys.
Bon, là aussi on ne joue pas mal sur l’attitude scénique. Le chanteur joue parfaitement le hooligan anglais (des mimiques que le chanteur de Sleaford Mods ne renierait pas) à tel point qu’on oublie que le groupe débarque de Suède.
Bon, honnêtement je ne me rappelle plus trop du son, l’heure de dormir approchait, je quitte donc la presqu’île en laissant notre punk à tatouage faire le pitre sur scène.
Des gens, des ambiances, des fesses