Tiens donc, un concert de métal à l’Espace Django ? C’est bien la première fois à ma connaissance que ce genre musical y est représenté.
Ha, attendez, du métal togolais, unique représentant du genre dans toute l’Afrique de l’Ouest ? OK, je reconnais la touche des programmateurs de la salle. Et qu’avons-nous là en première partie ? Ckraft, un groupe de métal-jazz basé sur des mélodies de chant grégorien !? Nous y voilà !
Ckraft ouvre donc la danse avec un des métissages musicaux les plus improbables de ces dernières années. Un trio basse-batterie-guitare assez classique pour du métal, auquel s’ajoutent un accordéon augmenté de multiples effets et un saxophone ambiance free jazz ! Nous avons visiblement à faire à des explorateurs qui s’acquittent de leur mission avec brio sur le plan technique (je ne pensais vraiment pas qu’il était possible de mélanger tous ces genres dans un morceau). Outre la performance technique, je crois malgré tout que j’apprécierais plus des concerts de Jazz ou de Metal séparés. Mais c’est essentiellement une question d’esthétique globale qui ne me convient pas (les fameux goûts et couleurs).
Après une pause bière, c’est aux Togolais d’Arka’n Asrafokor de prendre le relais. J’avais eu un bref aperçu aux Eurockéennes (en pleine après-midi à l’ouverture de la grande scène) et j’étais plutôt curieux de voir leur set au complet dans les conditions d’une petite salle.
C’est donc un quintet que l’on retrouve avec une section rythmique basse-batterie augmentée de percussions traditionnelles, un guitariste-chanteur et un hurleur à la voix profonde. Côté dégaine, on sent que le groupe est venu pour mener une bataille avec le visage peint. De l’autre côté, dans la fosse, la dégaine générale est sensiblement différente du public habituel de la salle, même si l’on retrouve quelques habitués du lieu. Les habits sont globalement plus sombres et les cheveux plus longs. Mais arrêtons le point fashion ici et revenons au son.
Ça démarre à la percussion et la batterie et ça démarre bien fort. En quelques instants on se prend un mur de son dans les oreilles. On est sur du thrash métal bien puissant, mais la percussion africaine ajoute un côté encore plus apocalyptique. Évidemment on y voit assez rapidement un parallèle avec Sepultura dans l’utilisation des rythmiques tribales et traditionnelles de leurs pays respectifs. Les deux chanteurs se relaient avec des registres vocaux assez différents (bon gros growl pour notre hurleur, là où le guitariste a un chant un peu plus aéré), ce qui permet de varier les ambiances. Côté setlist, on sera essentiellement sur leur (unique) album : Zã Keli, ainsi que quelques exclus. D’ailleurs au rappel, le public a le droit de choisir le morceau qu’il souhaite écouter.
Il est presque minuit quand les lumières se rallument et que les derniers métalleux stoppent leur headbanging intensif (mention spéciale au chevelu qui envoyait ses cheveux 1m au-dessus de sa tête pendant 1h30). Les sourires sont sur toutes les lèvres, nos guerriers togolais ont rempli leur mission avec brio.