Nanna.B – Vitaphone

Nanna.B – Vitaphone

Nana

Il y a peu, sur ce même site, on vous présentait Nanna.B, jeune pousse prometteuse de la soul danoise, au travers de son titre Sum O’ Something. Cette première touche ayant fait mouche, une chronique un peu plus complète de son album Vitaphone s’impose. On l’a déjà souligné : c’est sur les traces d’Erykah Badu, Jenny Wilson et autre Jill Scott que cette artiste joue crânement sa chance, en proposant une musique aux partitions équilibrées, sans artifices et tout en retenue vocale. Ajoutez à cela une note de discrétion visuelle et Nanna.B exalte tout le pouvoir du charme scandinave, délicatement mêlé à l’élégance d’une demoiselle de Rochefort.

C’est sur le label Underdog Records (Dajla, SweatshopJuan Rozoff, Dafuniks, Tribeka…) que Nanna.B a également décidé de poser ses valises pleines de soul nordique. Si le design de la pochette correspond aussi bien à l’univers que la jeune femme souhaite donner, c’est parce que celle-ci a été confectionné par ses soins. En effet, ce n’est qu’après avoir décroché un diplôme en art visuel contemporain que cette touche-à-tout s’est attaquée à l’enregistrement de ce premier opus, Vitaphone, du nom d’une toile de Jean-Michel Basquiat. Bien aidée par des productions chaleureuses et envoûtantes, cet oiseau rare (comme on l’a surnomme un peu partout) a pris le temps d’affiner son chant, pour mieux proposer ces 12 titres néo soul maîtrisés, dont la plupart sont joués dans des conditions live.

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Si le « badudesque » Sum O’ Something est le single parfait pour démontrer l’étendu du feeling détenu par ce concentré de talent, bien d’autres titres font la part belle à des arrangements tout aussi soignés. Dès le premier titre, My Groove, l’on sent que Vitaphone est un line up d’exception. Le premier beat servi par Damp (le producteur) fait mouche, en tablant sur la puissance d’une basse bien ronde et d’une batterie hyper appuyée, tandis que Nanna.B balance ses premières vocalises. La principale qualité de ce disque réside dans l’utilisation admirable des cuivres, parfois débordante, parfois plus parcimonieuse. Quoi de mieux qu’un album bien cuivré ? Sur ce point, ce n’est pas l’écoute du troublant Uptopian Love qui nous contredira. Et tandis que la voix de la chanteuse se fait parfois plus vulnérable, celle-ci s’accompagne de quelques jolies brisures inattendues.

Beaucoup d’autres instruments parsèment cette galette, du plus simple clappement de bouche servant de beat à Follow Me Thru (en featuring avec le rappeur Nappion), au xylophone cristallin d’It All Comes Out Of Something, en passant par le synthé électro du spatial Arrows. Si certains titres comme Keep on Moving ou Sunday High sont construits sur des architectures nu soul plus classiques, d’autres sont de véritables OVNI sonores. Le second et dernier featuring avec le rappeur Diverse (très bon dans l’exercice) est de ceux-là, puisque sur une même prise s’enchaînent ou s’entrechoquent des rythmes hip-hop et des atmosphères aériennes : tout aussi rudes qu’enivrantes.

De son récital, véritable jeu de piste musicale, Nanna.B parvient à faire transparaître une confiance rarement acquise à l’issue un premier disque. Seule Erykah Badu l’avait fait. Et si, de prime abord, les similitudes vocales avec cette dernière risquent (on prévient) d’en rebuter plus d’un, une écoute prolongée et attentive finit, à terme, par convaincre de la qualité de ce disque dont les esthétiques sont aussi agréables qu’ultra recherchées.

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