SIAM


J’ai reçu « L’amour à Trois » de Siam il y a quelques jours. Connaissant un peu Bruno Leroux et partageant avec lui une certaine idée de la musique, j’avais beaucoup d’espoirs sur ce duo qu’il partage avec Fanny Labiau  et quelques craintes du résultat final il faut bien le dire. L’espoir d’entendre concrétiser sur disque des maquettes impeccables et la crainte d’effacer par une production grandiloquente la rugosité de ses chansons. Je peux donc affirmer que si « L’amour à Trois » se cherche un partenaire de baise : je veux bien servir de cobaye, n’ayant pas eu l’envie depuis longtemps de m’extasier sur un bon album ou de baisser mon slip pour écrire du bien sur quelqu’un.


Celui-ci d’album est fait de chairs et c’est quand même très agréable de s’enfouir dans ce corps là. On pause les pièces d’un jeu de drame qui s’enhardit au fur et à mesure que les 13 titres défilent. « La Fiancée du Gangster » impose cet étrange ballet vocal entre un homme et une femme que n’aurait pas renié un autre couple fatal chantant les déboires de Bonnie and Clyde. Frappant de mélodies tour à tour réalistes ou pop, Bruno et Fanny mettent l’amour au centre des ébats comme par exemple sur « Coûte que Coûte » ou « Mercure » là ou le bandonéon aggravé de rythmes « tango lissant » échappe à une catégorie socio musicale. Si Marc Dorsel devait se trouver une BO pour s’entendre sur la pénétration c’est vers « Aïe » qu’il irait chercher. Dans « Vive la France » et « Le Club des Caniches » l’étude de mœurs de notre société accroche les esprits vers un libéralisme sensuel et une accroche rock n’roll plutôt string que petit bateau. L’abandon gainsbourien de la fin du disque prouve encore qu’il y a de belles choses à dire et à faire pour renouveler les chansons dites réalistes sans tomber dans un pathos de variété complaisante. Concluant ce tour de force mélancolique par « Lionel » chanson abrasive et acmé d’une virtuosité jamais démentie, « L’amour à Trois » se doigt de compter les bras levés pour participer aux ébats.


S’il existe un Mozart assassiné en chacun de nous et que ce Mozart est en définitive la passion amoureuse qui s’essouffle pour se détruire, Siam ressuscite ce sentiment pour un temps et me redonne le goût d’entendre de la musique de qualité.


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