Le ciel gris laisse place au soleil… et déjà le sourire vient aux lèvres en pensant à la soirée qui s’annonce.
L’organisation du festival a eu la bonne idée d’éponger l’eau de la veille avec de grosses bottes de paille. Les festivaliers pataugent quand même bien sous dans la boue, et le camping ne déroge pas à la règle. Qu’importe, la programmation qui s’annonce amène le sourire, et supprime déjà la galère de l’enlisement de nos bottes.
Le soleil est au rendez-vous, d’ailleurs, et permet d’aller reprendre des forces à la plage, enivrés par les rythmes de Chambre404 et Aquaserge.
Cette deuxième journée au fort commence par Cheatahs. Venus de Grande Bretagne, ils rallument doucement la flamme, nous balancent des sons rock grunge depuis la scène des remparts et posent les fondations d’une deuxième soirée qui se veut animée.
S’ensuit la voix d’une autre figure féminine du festival (très peu sur le weekend) : Anna Calvi . Sur ses hauts talons, tenue noire, rouge à lèvres rouge, eye-liner noir, Anna nous joue encore une fois la carte sexy. Elle commence, presque trop rapidement, ses deux plus gros succès, mais fait preuve d’une totale maîtrise de ses instruments et de sa voix, passant d’une guitare à l’autre et charmant tout un public. Nous sommes conquis.
Le jour commence à peine à sombrer pour accueillir ProtoMartyr qui nous emmène dans un rock plus déchaîné, à la limite du punk. Même si le chanteur Joe Casey reste droit comme un piquet devant son micro, bière à la main et lunettes de soleil vissées sur la tête, le public est, à l’image de son bassiste, frénétique.
Décidément, s’il y a un soir à ne pas louper, c’est ce soir.
On est chauds, on court vers la Grande Scène pour Slowdive. Leurs anciens tubes s’enchaînent paisiblement, devant une foule qui apprécie, doucement, nostalgiquement, tranquillement.
Pendant ce temps, avant de s’amasser devant le tête d’affiche du festival, on se restaure. Et deuxième bon point du festival : malgré sa petite taille, il y a de quoi faire niveau restauration. Alors on se laisse tenter par un hamburger cette fois.
On note tout de suite une foule beaucoup plus nombreuse et compacte est déjà regroupée devant la Grande Scène. Tous n’attendent qu’une chose : le début de Portishead. Le groupe, qui limite ses apparitions en concert, participe pourtant pour la deuxième fois au festival. C’est donc un grand honneur de pourvoir y assister en 2014. Beth Gibbons apparaît, timide, devant son micro et après une animation vidéo plus qu’excitante. La voix de la chanteuse n’a pas changé, on en reste bouche béé. les tubes s’enchainent, les classiques reviennent, Glory Box, Numb, Sour Times, Machine Gun… Nous sommes comblés. Les visuels en fond de scène font sens, donnant encore plus d’intensité à des morceaux déjà déchirants.
Portishead, Adrian Utley
On est encore sur notre petit nuage, se remettant à peine de l’heure et demi passée avec le groupe emblématique alors que Metz enchaine sur la petite scène à coup d’accords de guitare francs er électriques. Ca nous remet d’aplomb. Les morceaux nous piquent au vif et on se réveille d’un coup devant la rage et la fougue des canadiens. Ça tombe bien, car on attend avec impatience la 2e tête d’affiche de la soirée : Liars commence son set avec une boucle intense et martiale, alors qu’Angus Andrew apparait sur la scène, coiffé d’une cagoule en laine multicolore. Il faut croire que ce masque a fait de lui un autre homme, car on le voit gigoter sur la scène, cherchant sa place, et hurler dans le micro. Un délire lors d’une pause au milieu d’un morceau le fait parler en français : “Une petite maison, une petite voiture, un petit saucisson…” C’est assez incompréhensible de voir un groupe de cette renommée présenter un show aussi aléatoire.
Heureusement, une immense farandole permet d’oublier la déception et de continuer la fête en attendant Moderat. Le trio enchaine avec un déferlement de décibels, qu’apparemment on pouvait entendre à une dizaine de kilomètres à la ronde. La foule continue de se mouvoir, de bouger au rythme des boucles électro des allemands. Il commence à se faire tard, et on va pouvoir s’endormir bercés par les basses et les cris des festivaliers embourbés.