Chaque jour, nous laissons derrière nous une multitude d’empreintes numériques : sites visités, achats en ligne, publications sur les réseaux sociaux… Ces données, souvent récoltées via les fameux cookies, permettent aux entreprises de créer un profil détaillé de nos habitudes, préférences et même de notre vie privée. Et ce profil peut être exploité bien au-delà de la simple publicité ciblée.
Comment vos données sont collectées et revendues ?
En acceptant les cookies d’un site – souvent sans lire les paramètres – vous autorisez celui-ci à partager vos informations avec des dizaines, voire des centaines de courtiers en données (data brokers). Ces entreprises agrègent vos comportements de navigation, vos achats, vos recherches, pour construire des profils extrêmement précis : centre d’intérêt, orientation politique, habitudes de consommation, état de santé…
Officiellement, on parle de « partage » ou « d’échange » de données, mais dans les faits, ces informations sont vendues à d’autres acteurs, qui les utilisent pour vous cibler avec des publicités ou pour alimenter leurs propres bases de données.

Les risques bien réels derrière ces profils numériques
Ces informations ne servent pas uniquement au marketing. Des banques, assurances ou employeurs peuvent, directement ou indirectement, y avoir accès. Résultat : un prêt, une mutuelle ou même un poste peuvent vous être refusés sur la base de données qui, normalement, devraient rester privées.
Pire encore, certaines techniques permettent de faire correspondre votre profil numérique à votre identité réelle en croisant des identifiants techniques avec des informations personnelles laissées sur d’autres sites.

Comment limiter la collecte de vos données ?
Pour réduire votre exposition, vous pouvez déjà adopter de bons réflexes :
- Utiliser des navigateurs respectueux de la vie privée (Firefox Focus, Brave, Qwant…)
- Installer des bloqueurs de publicités et de trackers (uBlock Origin, Privacy Badger)
- Éviter de multiplier les applications inutiles sur votre smartphone
- Utiliser plusieurs adresses e-mail pour cloisonner vos usages
Mais si vous voulez réellement effacer vos traces, il faut aller plus loin.

Faire valoir vos droits : effacement et déréférencement
Le RGPD (Règlement général sur la protection des données), en vigueur depuis 2018, vous donne deux leviers principaux :
- Le droit à l’effacement (droit à l’oubli) : vous pouvez demander directement au délégué à la protection des données (DPO) d’une entreprise de supprimer toutes les informations vous concernant. L’adresse de ce contact se trouve généralement dans les mentions légales. Pour plus d’efficacité, commencez par exercer votre droit d’accès : l’entreprise devra vous fournir toutes les données qu’elle détient sur vous, ce qui vous permettra de demander leur suppression point par point.
- Le droit au déréférencement : vous pouvez demander aux moteurs de recherche de désindexer des pages contenant des informations personnelles jugées inappropriées. La démarche doit être répétée pour chaque moteur (Google, Bing, etc.) en utilisant leurs formulaires dédiés – facilement trouvables en associant dans une recherche les mots « déréférencement », le nom du moteur et « CNIL ».

Une vigilance à long terme
Effacer ses traces sur Internet est une démarche chronophage, mais nécessaire pour reprendre le contrôle sur ses informations personnelles. Dans un monde où la donnée est devenue une monnaie d’échange, chaque clic, chaque acceptation de cookies mérite d’être réfléchi.
En résumé : vos données ont une valeur, souvent bien plus grande que vous ne l’imaginez. Et si vous ne les protégez pas, quelqu’un d’autre saura en tirer profit.