Rendez-vous avec Juliet de Inlove pour qu’elle me parle de son album « Stories ». Je n’attends pas plus de cinq minutes et voilà qu’une jeune femme, à la blonde chevelure et à la frêle silhouette, s’avance vers moi, sourire aux lèvres. C’est Juliet. Son album est un délicieux mélange de soul, de jazz et sa voix se dépose avec une délicate sensualité. En la voyant, une interview « feeling » s’impose…
Dans ton album « Stories » se dégage une très forte influence soul. On pense que derrière cette voix, il y a une jeune fille afro (sourires). D’où te viennent tes influences ?
C’est souvent ce qui étonne et c’est la question qui revient souvent. On n’imagine pas qu’il y a une « blanche » derrière qui soit capable de chanter de la soul. Mes influences, elles me viennent de là où j’ai grandi en l’occurrence l ‘Afrique, la Côte d’Ivoire. J’ai toujours baigné dans un univers musical coloré en écoutant de la Soul, de la Funk ou du Reggae et de l’afrobeat. Je pense que d’avoir baigné dans cette culture musicale, cela m’est apparu normal, comme une langue maternelle.
Tout dans ton album inspire l’amour et la sensualité…
C’est cool car c’est ce que je voulais donner. Ca me touche. J’ai écris cet album alors que j’étais amoureuse tout simplement. Quand je suis heureuse, j’aime partager. Je ne suis pas de celles qui n’écrivent que lorsque je suis malheureuse et triste, bien au contraire. Tu n’as pas besoin d’être malheureux pour bien écrire.
Justement en parlant d’influences, tu as écris un morceau intitulé « For Minnie Riperton ». Pourquoi avoir choisi cette artiste ?
Parce que Minnie, c’est comme un petit ange qui est partie trop tôt. C’est pour moi, l’une des plus belles voix des années 70. Elle avait cette note très aiguë et personne ne pouvait chanter comme elle. A chaque fois que je l’entends, je pleure presque tellement je suis émue. C’est d’ailleurs le premier morceau que j’ai écris sur l’album. C’est aussi parce que la musique était là car je travaille avec un compositeur qui amène des rythmiques et sa mélodie m’a complètement inspiré l’univers de Minnie Riperton. J’ai vraiment eu l’impression que j’étais connectée avec Minnie lors de l’écriture.
Tu as écris plusieurs titres notamment pour Angunn avec Dj Cam avant de te jeter à l’eau avec ce premier album. Comment es-tu passé de l’écriture pour les autres à l’écriture pour toi et surtout au chant ?
Eh bien, ce n’ était pas si facile que ça…on m’a bien poussé à le faire… (rires) Ca s’est passé en plusieurs étapes. Y’a eu d’abord la rencontre avec Dj Cam. J’étais mannequin et je gravitais toujours dans le milieu de la musique. Mon copain de l’époque était d’ailleurs musicien. Je rencontre donc un soir DJ Cam qui me propose de le rejoindre au studio où il enregistrait avec Cameo. Et là je les rencontre, on s’entend tellement bien que je me mets à chanter avec eux sur des compos. C’est venu comme ça et ils m’on t vraiment encouragé et n’arrêtaient pas de me répéter mais c’est beau ce que tu écris et c’est tellement « sweet ». En rentrant à Paris, j’ai revu Dj Cam et on a travaillé ensemble sur un projet pour Angunn, « Summer in Paris ». Et donc à chaque fois que je participais à un projet avec lui, ça marchait. Le déclic est arrivé quand à force de travailler pour les autres, on n’arrête pas de te dire, pourquoi tu ne te lances pas. Un jour, Cam me présente un morceau enfin une rythmique avec deux bouts de sample sur lesquels j’ai écris les paroles et la mélodie et ça a donné le titre « For Minnie Ripperton ». Le premier titre de l’album.
Comment s’est passée l’écriture de ton album ?
Au tout début du projet, l’idée c’était de faire un album de reprises parce que les musiciens disaient, « mais toi avec la voix que tu as, ce serait génial de reprendre des standards de jazz et de complètement les rejouer ». C’est ce qu’on a fait au début et sur 10 titres, il y avait 7 reprises et 3 morceaux que j’avais écris. Ce qui revenait toujours, c’est que les gens aimaient les 3 morceaux que j’avais fait. On s’est dit, restons sur des compos persos pour l’intégralité de l’album et continuons à travailler. J’ai écris l’album en 2 mois.
Où as-tu enregistré « Stories » ?
On a enregistré en plusieurs étapes. Tout d’abord, on a fait toute l’instrumentation au studio Ferber (20ème). Et puis à Los Angeles pour la partie plus électro. On a mixé une partie à Paris et l’autre à L.A.
Qu’est-ce que tu ressens à la sortie de ton album ? J’ai vu que ton album était soutenu aux US par Mtv. Ca fait quoi de voir tout ça ?
Tout arrive de façon juste. Les Etats-Unis, c’est le pays dans lequel je vis, dans lequel je me sens le mieux et où on me reconnaît. En France, j’ai bien conscience que l’on me reconnaît mais pas de la même manière. C’est aussi majoritairement, le pays d’où provient la plus grande part de mes influences musicales. Là-Bas, y’a pas barrières, les gens se mélangent et ne sautent pas au plafond quand ils voient une blanche chanter de la soul. Le fait que je sois française, en plus et que je chante dans leur langue, ils sont très honorés.
Quels sont les artistes qui te touchent et te marquent le plus parmi tes contemporains ? Erykah Badu. J’étais en transe et en larmes à chacun de ses concerts. Je l’ai vu au Palais des Congrès l’an dernier mais aussi dans des plus petites salles à New York ou en Allemagne. Et Jill Scott. Chez les garçons, c’est D’Angelo (qui manque au paysage musical), Maxwell ou encore Raphael Saadiq.
Tu parles très souvent de partage et d’échange, est-ce que tu as pu grâce à des sites web (type Myspace) découvrir des artistes et à collaborer avec eux ?
Oui complétement. Via Myspace, j’ai rencontré un producteur qui s’appelle Dan Funk. Il a sorti deux, trois choses sous le label Stone True. Je le te tanne pour qu’il me fasse des morceaux.
Et la scène t’y penses ? As-tu des dates prévues prochainement ?
Pour moi la musique, c’est du partage de l’échange. Pour l’instant, j’ai des dates dans des clubs à New-York. Notamment, le Zanzibar qui est une petite salle où Steeve Wonder va jouer et où, un musicien qui n’a pas encore sorti de disque peut jouer aussi. C’est ce que j’aime. Nous en tant qu’artistes, on existe pas sans le public et j’ai envie de faire de la scène pour vraiment sentir et toucher le public. Je fais de la musique pour ça.
Penses-tu à ton live et à la forme qu’il pourrait prendre ?
Le live ce ne sera pas l’album. Y’aura plein de choses, de nouveaux morceaux… plein de choses nouvelles au niveau de la forme. Y’aura des choristes et de super musiciens. Une tournée semble se dessiner pour le début de l’année prochaine.
Album INLOVE, Stories, Inflamable/Discograph, sortie le 7 septembre 2009