Festival Chorus 2018

Festival Chorus 2018

On la sent revenir, la saison des festivals. Comme tous les ans, Chorus propose un avant-goût de ce que nous réserve l’été. Après avoir campé pendant des années sur l’esplanade de la Défense, le festival des Hauts de Seine a investi depuis l’année dernière l’imposante Seine Musicale, sur l’Île Seguin, mastodonte dédié à la musique, avec son auditorium 360 degrés, sa grande salle typo Zenith, et ses petits studios.

Pour ma part c’était une grande première dans ce lieu impressionnant. Le format festival y fonctionne bien, en dehors peut-être de l’auditorium qui dénote un peu, en mode « public assis » et pas de bière dedans (ce qui tombe évidemment sous le sens, mais qui impose un grand écart mental quand tu sors des Bloody Beetroots dans la grande salle).
D’ailleurs, parlons un peu de la programmation, qui à défaut de jouer la carte de la découverte et de l’innovation, table sur une série d’artistes de qualité, n’ayant plus à faire leurs preuves sur scène. Bref, normalement impossible d’être déçu !
Je n’ai d’ailleurs pas pu assister aux concerts en semaine, mais il y avait du beau monde (General Electriks, Jupiter & Okwess, Sandra Nkaké,…) et en plus le tout gratuit !

Du coup, l’histoire pour moi commence un samedi, petit récap photographique de ce weekend sur une île au milieu de la scène !

Hyphen Hyphen
Première fois pour ma part que je voyais les niçois sur scène, mais leur réputation les avait précédé ! Musicalement, ce n’est pas mon truc, mais il faut reconnaitre que le show est puissant et efficace ! Un peu trop millimétré par moment à mon goût (peut-être un petit manque de sincérité dans la prestation ?) mais efficace !

Bachar Mar-Khalifé
Je retrouvais pour la 3e fois Bachar Mar-Khalifé avec le projet « The Water Wheel », où il reprend le répertoire de Hamza El-Din, oudiste nubien. À chaque fois le groupe évolue, et c’était ce jour-là en formation « groupe de rock façon Bachar Mar-Khalifé » qu’on le retrouvait : basse, batterie, saz et piano-claviers. On écoute du coup le concert assez solennellement dans la belle salle de l’auditorium. La set list tourne intégralement autour des morceaux de The Water Wheel, le nouvel album prévu pour fin mai, avec bien entendu « Greetings », le premier single qui tourne actuellement. Petite exception pour la fin du set avec un Wolf Pack bien rock’n’roll issue de Ya Balad.

Panda Dub
Retour à la grande salle avec Panda Dub, fer de lance du nouveau Dub français. Je suis toujours impressionné de voir à quel point la scène dub est toujours bien vivante. Le public a répondu présent massivement et ne boude pas son plaisir dès que les premières vibrations infrabasses. Je quitte la salle sur le remix de The Orientalist de High Tone. La nouvelle scène dub française n’oublie pas ses pères fondateurs, dont les sonorités sont toujours aussi efficaces 20 ans plus tard.

Ayo
On retrouve l’Allemande après 3 années hors de la scène, et à la vue de la longue queue qui s’est formée pour entrer dans l’auditorium, on peut dire qu’elle a manqué à pas beaucoup de monde (notons ceci dit la moyenne d’âge de 15 ans supérieure au public de Panda Dub). La salle est remplie à craquer, le public disposé tout autour de la scène. L’écrin est parfait pour mettre en valeur la musique de l’artiste qui arrive rayonnante et visiblement émue sur scène.
C’est là que ça se complique un peu pour moi qui suis venu faire des photos. La salle nous contraint à être tous regroupés dans une petite zone au milieu du public. La musique intimiste de Ayo se prête mal au concert de clic-clac d’appareils photo qui m’entoure et je préfère fuir la salle après le premier morceau pour ne pas gêner le public. Je ne doute pas que le concert était très beau… et probablement beaucoup plus agréable sans le nos bruit d’appareils photo.

Nasser
Heureusement pour moi, je peux enchaîner avec Nasser sur la scène extérieure du parvis, avec la certitude de ne déranger personne. Tous les amateurs de concert se rappellent encore émus des shows transpirants de Nasser en 2011. Annonce générale : ils sont de retour et semblent bien décidés à nous faire transpirer tout l’été.
Les bases sont les mêmes, du rock, des vieux claviers analogiques et une énergie orientée vers la transe musicale.
Les nouvelles compos sont toujours efficaces, la scénographie bien hypnotique, et le public ne manque pas de répondre à l’appel. Que ce soit contre la scène ou au fin fond du parvis, le public ne peut s’empêcher de groover sur le son des Marseillais.

The Bloody Beetroots
Autre valeur sûre des festivals, Sir Bob Cornelius Rifo et ses camarades semblent eux aussi prêts à rempiler. Le show est aussi rock’n’roll que prévu (on entendra d’ailleurs quelque invocation 70s avec des samples de Led Zeppelin mêlés au gros beat et son de guitare maison). Notre chanteur italien semble être passé maître en matière de « The Floor is Lava challenge », tellement il passe de temps en l’air. Pour être honnête, je ne suis pas un grand spécialiste des Bloody, et je suis absolument incapable de reconnaître leurs morceaux. Mais cela devait être la 4e fois que je les croisais sur scène en 10 ans, et leurs prestations sont toujours aussi dantesques. En fait… à quoi bon les écouter à la maison, quand on peut les voir sur scène !!

L’Or du Commun
Dernier jour de festival, avec une affiche 100% rap. Je ne suis pas grand spécialiste en la matière, mais je n’ai pu m’empêcher de constater ces dernières années que c’est la scène la plus dynamique, avec un public qui répond toujours présent (rarement vu une ambiance comme celle du concert de Columbine à Rock en Seine l’année dernière !). Bref, je partais à l’aventure et à l’aveugle.
La journée commençait très bien avec l’Or du Commun, groupe belge qui n’a pas déçu ! 15 minutes après le début du concert, c’est un gros pogo qui s’est formé devant la scène du parvis pendant que sur scène, le flow coule en toute décontraction.

Aaron Cohen
Je teste les petites salles « Studio » avec Aaron Cohen. La configuration du lieu rappelle un peu les concerts en MJC de mes 15 ans, mais sur scène et dans le public, on est clairement sur un autre registre. Le style est singulier est puissant, la température monte rapidement, et au final la fameuse « configuration MJC » permet une belle proximité avec le public.

 

Siboy
Tout comme les Bloody Beetroots, Siboy est amateur de cagoules sur scène. Autre point commun, la batterie. Siboy avec le bon goût de venir avec une batterie live sur scène, chose rare dans le rap et pourtant terriblement efficace. Le batteur tape sur ses fûts comme si c’était son dernier jour. Le son est énorme et rempli la salle, se mariant à merveille avec la puissance vocale du rappeur. Bref, on ne fait pas dans la dentelle. Bon j’ai bien apprécié la puissance du show, pour ce qui est du reste, je suis un peu plus perplexe.

Wiki
Je descends brièvement voir le rappeur new-yorkais (et édenté) dans les petites salles du bas. Le mec a l’air bien barré… C’est marrant pour un moment, mais pas forcément mon truc. L’heure de la pause a sonné, il faut se reposer avant le grand final.

Gaël Faye
Voilà quelques années qu’on suit Gaël Faye, que ce soit avec son ancien groupe Milk, Coffee and Sugar ou en solo. Ce soir je me rends compte que l’artiste est entré dans une nouvelle sphère, sa victoire de la musique et son Goncourt n’étant probablement pas étrangers à ce phénomène (sacrée performance d’ailleurs que d’être primé autant pour ses prestations scéniques que pour ses livres !).
On retrouve donc Gaël Faye dans une scénographie sobre, accompagné de Guillaume Poncelet au piano (déjà à ses côtés depuis Milk, Coffee and Sugar et responsable de la plupart de la partie musicale de l’artiste) et d’un percussionniste / joueur de MPC (j’avoue ne pas connaître son nom). Le show est carré, le flow précis, les paroles toujours percutantes et les musiciens assurent un accompagnement parfaitement dosé, laissant l’espace nécessaire à la voix du MC. Je quitte la salle après 4 morceaux, sachant l’artiste bien entouré de son public, lancé sur une trajectoire ascendante qu’il sera difficile d’arrêter, avec un succès plus que mérité.

Loud
À mon grand désespoir (et celui d’une bonne partie du public), le rappeur canadien jouait en même temps que Gaël Faye. Je redescends donc au studio RiffX, la fameuse salle ambiance MJC, sauf que là, une 40aine de personne font la queue devant la salle. À l’intérieur c’est blindé, et on ne peut entrer que lorsque quelqu’un sors. Visiblement le festival n’a pas anticipé la notoriété du Canadien qui a tué le rap-jeu (comme dirais mon ami Gobi de Montréal) chez lui au Canada. Après m’être frayé un chemin dans la salle, je me retrouve à l’intérieur d’une serre tropicale en pleine ébullition ! Le style est américain, les lyrics français, le mélange est parfait pour un public francophone. On dirait bien que les rappeurs québécois ont un bel avenir en France.

Tshegue
OVNI du jour, c’est quasiment un des seuls groupes à ne pas faire du rap ce jour-là. Tshegue, c’est une belle invitation à la transe musicale sur des bases africaines diverses, avec une énergie bien mystique. J’étais assez curieux de les voir depuis que leur EP « Survivor » s’est invité sauvagement dans mes playlists, sans que je comprenne trop d’où il était sorti.
Le show était à la hauteur de ce qu’on pouvait en attendre, chanteuse charismatique, une percussionniste et un batteur pour une rythmique de l’enfer, basse et guitare pour finaliser le tout. On sent encore que certains arrangements live se cherchent, mais la base et l’énergie sont là.

NTM
Alors… certains observateurs de leur concert à Bercy semblaient dire que le duo de Seine St-Denis commençait à vieillir et fatiguer. Bon, alors je n’ai pas connu la grande époque de NTM sur scène, mais la prestation ce soir-là était à la hauteur de ce que je pouvais en attendre.
Voilà, encore une fois, je ne suis pas spécialiste du sujet, je vais donc éviter de dire n’importe quoi, mais je retiens un show bien efficace et une belle complicité sur scène des deux compères (accompagnés d’ailleurs de DJ Pone au platine).

On peut dire que ce festival Chorus version 2018 est un beau succès. En dehors de la belle brochette de « groupe de scène », je retiens aussi la très bonne ambiance qui régnait dans le public, ce qui est assez rare dans un festival parisien pour être relevé (encore que techniquement, on était à côté de Paris). Le public était très divers à tous les niveaux et pour chaque concert, l’ambiance était bon enfant et festive. Ces derniers temps, nombreux sont les festivals à réunir une ribambelle têtes d’affiche à coup de gros budget, tout en négligeant l’âme du festival. Chorus de son côté, semble avoir réussi à réunir les deux ingrédients du succès : une programmation efficace et un public de qualité.

Voyageur-geek-photographe et fan de bon son !

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