Dimanche, troisième et dernier jour des Eurocks
La nuit dernière, pour célébrer la pluie, le camping s’est mis aux couleurs écossaises, et nous avons eu droit à un concert de djembé-cornemuse jusque 5 heures passées… Petite nuit donc.
Kid Bombardos
Les Kid Bombardos n’ont pas chômé depuis la dernière fois que je les ai vus, en novembre au Bataclan, en première partie d’Eiffel : ils ont clairement gagné en assurance et en maturité. Juste quand WePopLeBlog (http://laisseparlerlesfilles.over-blog.com/) me faisait la réflexion qu’ils n’étaient pas à fond, les Kids partent en live sur un final des plus rock : les trois guitaristes torturent leurs instruments et les jacks s’entremêlent. Imaginez en soirée devant un public échauffé ce que ça peut donner !
The Middle East
Le soleil tape fort, et sous le chapiteau, une guitare au son métallique couplée à l’harmonica, m’appelle : le décor est planté. Une folk mélancolique enrichie par des voix aériennes me permettent de me remettre de mes émotions des Kid Bombardos. Les Australiens ont réussi à imposer leur univers : en l’espace de quelques chansons, la foule réagit aux mélodies rythmées.
The Drums
Je connais leur album par cœur et j’ai eu la chance de les voir lors du festival Jalouse Rocks (http://www.letransistor.com/1513-concerts-coke-en-stock-14-06-2010). Je ne suis donc pas surprise de voir Jacob Graham faire des entrechats et autres pirouettes pendant que Jonathan Pierce, le chanteur, mime les paroles des chansons avec des gestes grandiloquents. Exalté, il théâtralise les chansons, le poing sur la hanche, jouant avec son micro comme d’un ruban de GRS. D’ailleurs, à l’écoute de ‘Make You Mine’ et ‘Forever and Ever Amen ‘, je me fais la réflexion que ces titres seraient parfaits dans une comédie musicale. Je ne résiste pas aux mélodies plus qu’accrocheuses, et je me mets à sauter partout, insouciante du ridicule. Ce qui me surprend, c’est leur sortie fracassante à peine leur single ‘Let’s Go Surfin’ fini, Jonathan balançant le micro à grand bruit.
Ethiopiques
Toujours à devoir faire un choix, j’ai loupé Rien pour mes chouchous new-yorkais. Mais comme The Drums ont fini leur set un peu plus tôt, je peux aller faire un saut au concert d’Ethiopiques à la plage. Recommandé par GrandCrew (http://www.grandcrew.com/), ce groupe de soul world est clairement en train de faire danser la foule au son des cuivres. Je m’apprête à rejoindre la fosse quand j’entends la sonnerie d’alarme des Gallows au loin… Je ne peux résister.
Gallows
Les Anglais de Gallows ont la rage, j’ai pas trop compris à quel propos, mais ils crachent leur haine à la gueule du public : parce qu’ils en ont marre de jouer leur tout premier morceau, parce que c’est leur deuxième show de la journée, parce que la tête des premiers rangs leur revient pas, parce que le public est lent à organiser un circle pit et ne sait pas ce qu’est une pyramide humaine… Apparemment, nous ne méritons pas d’être ici, voire si nous ne connaissons pas ‘I Fought the Law’ des Clash, nous n’avons absolument rien à foutre à ce festival. Mais il faut croire que le public est un peu maso, puisqu’il fait de son mieux pour les contenter. Ce doit être parce que leur musique en vaut la peine.
Julian Casablancas
J’aime beaucoup les Strokes. Enfin, je les aimais beaucoup pour leur innovation de la scène garage rock au début des années 2000, et je les aimais inconditonnellement, malgré les pubs EDF et autres Room On Fire. Et puis je les ai vus en live, et au loin, j’ai aperçu un mec foncedé qui s’agitait en vain. Le mythe en a pris un sacré coup, et je n’ai plus écouté les chansons de la même manière, percevant des failles là où je ne voyais que des pépites. Donc quand ils annoncent une pause, et sortent tous leurs albums solo, je ne suis pas émue. Mais quand Julian Casablancas sort un album, « Phrazes for the Young », qui sonne comme du mauvais Strokes psychédélique, je n’ai pas voulu suivre, surtout à la veille d’un nouvel, prévu pour la rentrée 2010. En plus, ce soir, il entonne des chansons des Strokes ! J’avoue ne pas comprendre à quoi ont servi ces années de séparation si c’est pour faire des pâles copies insipides et reprendre les tubes qui ont marqué la décennie. Cette indécision me fatigue. On dirait qu’il fait tout pour ressembler à Doherty…
Si cette diatribe sonne amère, c’est que The Strokes représentent une décennie de ma vie et que j’ai l’impression d’avoir été trompée (sur la marchandise).
LCD Soundsytem
Sous le chapiteau, une boule à facette annonce un set pas comme les autres. James Murphy et sa bande s’apprêtent à opérer leurs sons imparables et leur rythmique irrésistible. James donne dans la ferveur, déchiré de l’ame, du corps et de l’esprit, et le public répond par des slams cocasses et des ovations assourdissantes. Les morceaux prennent de l’ampleur, et LCD mène le dance-punk-disco-rock à son paroxysme. Les titres défilent, la musique s’empare de moi. ‘Drunk Girls’, ‘All My Friends’, ‘I Can Change’, ‘Movement’, je suis proche de l’état de transe, et ne m’offusque qu’à peine des « popopo » simulant la ligne de basse de ‘Seven Nation Army’ des White Stripes , vomis par le public. Mais quand James entame ‘Yeah’ à cinq minutes de la fin du set, je commence à comprendre qu’il ne jouera pas ‘Dance Yrslf Clean’, extrait de This Is Happening, le dernier album. L’annonce de la fin de la formation me fait craindre de ne jamais pouvoir l’entendre en live. C’est donc effondrée que j’assiste au phénoménal final.
Mika
Je décide de noyer mon chagrin dans la pop efficace et colorée de Mika. Je chante à tue-tête ses tubes, ‘Big Girls’, ‘Stuck in the Middle’, ‘Dr John’, ‘Billy Brown’, pour oublier. Je m’enfouis le visage dans les chansons réconfortantes de facilité travaillée. Mais je fuis ‘Rain’ pour revenir aux choses sérieuses : Health est prêt à démarrer son set à la Loggia.
Health, Action Beat, Empire of the Sun, Fuck Buttons
Une fois le public rameuté par la batterie, Health se lance dans son noise conceptuel. Très viscérale, leur musique lance comme des cris de détresse que les breaks de batterie enchaînés semblent apaiser. Le dialogue est incessant entre voix et batterie, entre électro et rock. Action Beat prend immédiatement le relais et leur triple batterie semble emprunter moins de chemins détournés. L’angoisse latente sur Health est comme libérée par Action Beat.
Je fais un rapide crochet par Empire of the Sun pour ma pause déjeuner, à cette heure bien avancée de la nuit. Leur concert me confirme mes doutes : le single ‘Walking on a Dream’ n’a absolument rien à voir avec le reste de l’album éponyme. Je retourne donc à la loggia pour Fuck Buttons, mais ce soir, après trois jours de festival, je ne me sens pas en mesure d’affronter du drone.
Massive Attack
Sans vouloir offusquer les nombreux fans de Robert Del Naja et de Grant Marshall, je n’ai jamais réussi à écouter un album de Massive Attack en entier. Je peux en apprécier des morceaux hors contexte, mais l’écoute prolongée me plonge dans un ennui mortel (et c’est parce que j’ai décidé d’être polie). Mais comme je n’ai pas la science infuse, et que le concert est sur mon chemin, pourquoi ne pas s’arrêter et vérifier si mes goûts n’ont pas évolué ? Rapidement, je me retrouve à lutter contre le sommeil grandissant qui s’exerce sur moi : je suis plongée dans une torpeur hypnotisante. Heureusement que Martina Topley-Bird massacre la précieuse ‘Teardrop’ pour que je puisse m’arracher à la Grande Scène.
Bloody Beetroots – Death Crew 77
On m’avait annoncé une performance scénique inénarrable, comme c’est souvent le cas avec les personnalités emphatiques. Mais rien ne pouvait me préparer à ce set. La plage est blindée, alors que Massive Attack, tête d’affiche par sa renommée et son actualité, occupe encore la Grande Scène. Malgré cette concurrence, les Bloody Beetroots déchaînent le public – on se croirait un samedi soir insouciant au lieu d’un dimanche soir éreinté. Leur son percutant révèle un mélange de tous les genres : tout le monde s’y retrouve et tous les âges se retrouvent à sauter à l’unisson. S’ils le voulaient, les Bloody Beetroots pourraient monter une armée sur le champ et conquérir le monde ! Le brouhaha de fin de festival s’accorde à dire que ce concert était monstreux !
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