Sur mon billet – durement acquis – d’un côté Carl Barât, de l’autre Adam Green. Si vous n’avez jamais vu le reportage d’Arte qui les unit pour une nuit à Londres, vous pourriez être surpris de cette équation musicale. Le rock punky de l’ex-Libertines, ex-Dirty Pretty Things, et le folk lyrique de l’ex-Moldy Peaches de New-York. La soirée s’annonce bien.
Carl Barât, désormais artiste solo, dit préparer un album crédité à son unique nom pour 2010, on attend donc très impatiemment ses nouvelles chansons. Le dernier album d’Adam Green date de 2006, et s’intitulait « sixies and sevens » et m’avait, personnellement, un peu déçu comparé à son bien meilleur « gemstones » ou encore « jacket full of danger ». Ce concert présente donc des enjeux crucials ! Pas de quoi stopper la fonte des glaces, mais on n’est pas si loin…
Lorsque l’on pénètre dans la salle, première surprise : nous sommes assis. On s’installe assez facilement au deuxième rang, à peine le temps de repérer Patrick Eudeline dans le fond, à 20h30, une jeune femme s’avance, et attrape sa guitare. On apprendra plus tard qu’il s’agit de Laura Gibson, petite fille de l’illustre créateur de la marque de guitare. Elle nous fait part pendant une demi-douzaine de chansons d’une très jolie voix mais ses berceuses ajoutées à nos sièges confortables auraient presque raison de notre énergie.
Peu de temps après, Adam Green fait son apparition. Il est évident qu’il n’a pas assisté à la première partie au vue de la forme qu’il tient. C’est en effet de quelques pas de danse, un quelque chose entre des sauts de lapin et le déhanché d’Elvis, qu’il apparait sur scène, un sourire aux lèvres et commence avec son excellent « gemstones ». On commence à regretter de devoir se trémousser comme on peut sur nos fauteuils lorsqu’il enchaine avec « broadcast beach » et son très très bon « drugs ». A bout de souffle et souffrant d’un mal de gorge, il demande un médecin dans la salle, sans réponse, ses musiciens quittent la scène. Il attrape une guitare et enchaine alors sur des chansons acoustiques. La projection des dessins de David West derrière la scène participe à l’ambiance mystique qui règne dans la salle alors qu’Adam Green nous offre une ribambelle de ses plus belles chansons. Malgré les réglages étranges de son micro, la qualité des chansons n’en est pas gâchée.
L’américain appelle ensuite Carl Barât, et ils interprètent ensemble « blood thirsty bastard », excellente chanson des feu-Dirty Pretty Things. L’ex-frontman du dit groupe chasse ensuite Green de scène, et fait rentrer une violoncelliste et une violoniste. On découvre ce que l’on attendait, les nouvelles chansons de Barât ; la très jolie « so long », « we are all heroes », puis « ballad of grimaldi » et « 9 lives ». Il chante aussi « come closer » de son ancien groupe et un début de mouvement de foule se fait sentir lorsqu’il enchaine sur « music when the lights go out » des Libertines. Il nous offrira également un formidable « time for heroes » bien qu’il ait apparemment un souvenir flou des accords. Coupé à la fois par des problèmes irritants de son, et par un Adam Green en pleine forme, Carl Barât délivre quand même une jolie performance même si on le sent moins à l’aise seul que l’est son ex-partenaire Doherty.
Green revient pour de bon sur scène pour sa chanson « friends of mine » avec son ami. Ils oseront même quelques pas de danse avant que Barât ne quitte la scène. L’ex-Moldy Peaches reprend en effet le flambeau et fait la découverte d’un rouleau de scotch qui ne le quittera plus. Il s’en sert pour scotcher son pantalon, la scène, puis invite un ami et une spectatrice sur scène afin de les scotcher également. Il demande au public les prochains morceaux et obéit en interprétant entre autres « tropical island », « jessica » ou « her father and her ». Sans que personne ne comprenne vraiment, le chanteur va maintenant s’appliquer à scotcher sa guitare à son micro afin de procéder à une destruction d’instrument en règle. Sur ces entrefaits, il quitte la scène avec un sourire et ramène son compagnon de soirée.
Pour conclure la soirée, ils reprennent ensemble « what a waster » des Libertines, et « kokono » des Beach Boys sur lequel on découvre les talents cachés de Barât à la batterie.
Un concert d’environ une heure et demie très surprenant, auquel on pourrait reprocher cette stupide idée de faire asseoir un public venu pour voir Adam Green et Carl Barât, et l’absence de « france » sur la set list de l’ex-Libertines.
Mais les deux artistes ont été tous deux dignes de leurs réputations, nous offrant anciennes et nouvelles chansons, duos, moments d’anthologie. Pour rester dans la thématique musée/concert, c’était du grand art.
(photos & vidéos issues de http://free-pete.skyblog.com)