1973, live du Café de la Danse

1973, groupe pop français en concert ou un billet direct vers une Californie imaginaire, sublimée.

Chaleur accablante, tout Paris est dehors en quête d’air. Bacicoline et moi, nous nous engouffrons dans la rue de la Roquette noire de monde, embrayons à droite, voici le Café de la Danse. J’ai été lâche, j’ai présupposé qu’il n’y avait pas de climatisation dans cette salle, j’arrive juste à temps pour assister à la fin de la première partie. Mina Tindle, joli petit bout de femme à la voix grave. Ça m’a l’air très bien, note : aller faire un tour chez elle)

Le café de la Danse est blindé. Nous sommes tous en nage. Ce serait formidable si 1973 ne se faisait pas désirer pendant des heures. Je regarde dubitative les trois ventilateurs collés au plafond. Je les arrêterai bien pour constater une éventuelle différence de température.

Je regarde passer les 5 membres du groupe sur scène. Ils accordent leurs instruments, ils devront le faire tout le long du concert, la chaleur déformant tout. À l’origine de 1973, trois hommes : Nicolas Frank, Thibaut Barbillon, et Jérôme Plasseraud, tous musiciens, routards de tournée pour Thibaut et Jérôme. Des copains de lycée qui ne se sont jamais perdus de vue et qui, la trentaine arrivant ou passant, ont décidé de créer un album ensemble. C’est probablement pour ça que flotte un parfum d’adolescence sur « Bye Bye Cellphone ».

Mais la lumière s’éteint, et le concert commence. Le public est enthousiaste, acquis à leur cause. Les applaudissements et les cris fusent, une belle ambiance règne. Des jeux d’ombre et de lumière sur le groupe, le concert démarre. Il ne me faut pas deux minutes pour constater que ce sont de vrais musiciens aguerris qui sont sur scène. Le trio supplée par un beau bassiste danois, Stéphane Kronborg, et de Raphael Séguignier, batteur-magicien. 1973 est un nouveau groupe mais ne tombe pas dans l’écueil du débutant, ils savent parfaitement ce qu’ils font. Agréable surprise. Des chansons un peu naïves jouées par des pros. Seul défaut, est-il malade ou pas, Nicolas Frank, le chanteur, a beaucoup de mal à maintenir une note longue. C’est instable et dommage pour sa jolie voix « adolescente » ou du moins fraîche. Ou est-ce le stress ? La belle tessiture s’estompe. Cela reste un détail car pour le reste, le live est l’espace où s’épanouit le mieux cet album. Ils tirent tous le maximum des chansons.

« Bye bye cellphone » a été composé à partir de piano droit grinçant, mellotron, harmonium, guitares 12-cordes et électriques jouées à l’archet façon Jimmy Page, mais aussi synthés-jouets, Prophet 600 et autres boites à rythmes. Nous en retrouvons la plupart lors de ce concert. Mise à part le batteur, le bassiste, et le chanteur, les deux autres, Jérôme et Thibaut virevoltent entre plusieurs instruments. Ils sont excellents.

Je profite d’un moment de silence pour tenir mon pari avec Thibaut, rencontré lors d’une session live avec wepop leblog. Je hurle « Mousline ». Il me semble l’avoir vu percuter et se marrer. Oui… J’avais dit dans une chronique « 1973, c’est un peu comme la purée Mousline. Entendons-nous bien, j’adore la purée Mousline. J’en mange encore avec mes gosses et ce avec du jambon. ». Audrey, la responsable web, s’était fait un malin plaisir de me mettre face à face. Et c’est avec beaucoup d’humour que le groupe a réagi.

C’est peut-être ça le truc avec 1973. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. C’est de la simplicité joyeuse. C’est juste histoire de passer un bon moment. Et c’est parfaitement réussi en live. Je regarde le public. Il est heureux d’être là. Il est disparate. Je regarde le public et je me dis que c’est exactement ce dont il a besoin, en ce moment. 1973, un remède anti-crise ? Ça a le charme des années 60, la dernière illusion, sa douceur de vivre et son inconscience. Loin des emmerdes… Des chansons comme des berceuses sans aspérités, gaies, légères comme une robe de jeune fille.

C’est pour ça, d’ailleurs, que lors des « chansons calmes ou mélancoliques », ils perdent un petit peu leur public. Celui-ci n’a aucune envie de se faire rappeler à l’ordre, à mon sens. Quand ils jouent « September », de loin ma préférée, et enchaînent avec une « séquence émotion », c’est frustrant. Comme si j’étais partie sur mon skate, loin, loin, loin, et qu’ils avaient tiré sur mon t-shirt… orange (spécial dédicace à Thibaut) pour m’obliger à descendre. C’est limite malpoli ! Tout ça pour dire, que si on me demande mon avis, je ne rangerai pas les chansons dans cet ordre-là pour un concert.

La fin est belle. Le groupe invite des gens, présents dans la salle, à venir les rejoindre pour chanter. Ils avaient enregistré un morceau ensemble. La chanson qui suit est jolie comme le printemps et une émotion particulière saisit le public. Touché. Un moment de grâce. Une émotion collective comme dans un dénouement de comédie romantique. Où l’on se fait tous attraper. Bacicoline dira de la guitare de Thibaut que « c’est beau comme du piano tellement il joue bien »…

Rappel : Diane Birch les rejoint pour un morceau de blues endiablé. Mais nous avons vraiment trop chaud pour être emportées. Nous quittons la salle juste après.

Aller voir un concert de 1973, c’est prendre un billet d’avion direction la Californie, en fait. Atterrir dans un lieu, un peu hors du temps, comme ça, il fait toujours beau, le ciel est bleu azur, les filles jolies, bronzées, les garçons charmants et élégants.

Mousline un jour, Mousline toujours…

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