Wine – Havin’ Fun

Wine – Havin’ Fun

wineSorti en mars dernier, ce Havin’ Fun a mis un peu de temps à parvenir jusqu’à nos oreilles. Pourtant Wine est un jeune groupe talentueux. Suffisamment pour autoproduire un premier disque de qualité, contenant 12 pistes mêlant un groove chromé et une sensualité bien huilée. Un album nu soul made in France (même si le chant est quasi-exclusivement en anglais), à côté duquel il serait dommage de passer.

Si une chronique était un bulletin de notes, Wine mériterait sans doute l’appréciation « maîtrise totalement son sujet ». Pour son premier EP, possibility (2012), les critiques avaient déjà été unanimes, saluant l’énergie et la maturité d’un groupe dont l’éclosion venait à peine de se terminer. « The EP My Possibility is a must own for nu soul lovers » écrivait Jazztimes. Une assertion bien difficile à contredire. Pour Havin’ Fun, la chanteuse Soanne (bien aidée par ses choristes Ray et l’impressionnante Emma Doo) laisse une nouvelle fois éclater la justesse et la puissance de sa voix, sur des orchestrations aux influences les plus dignes : de Jill Scott à The Roots, en passant par les Nubians ou RH Factor.

Ainsi, dès le premier titre éponyme, l’on plonge de plein pied dans l’univers jazzy-soul de ce combo plein d’avenir. Une première piste prometteuse, soutenue par le clavier de Swaggy-B (également arrangeur) et bien ponctuée par les couplets biens identifiables des deux choristes. La suite est du même acabit :  un joli petit patrimoine vocal, original et mélodique se déploie tout au long du disque. L’ensemble est plutôt bien partagé entre le swing de titres comme Havin’ Fun ou Watch Yourself et une soul feutrée, à l’image de My Possibility (que l’on retrouve ici en bonne position) ou du délicat Family.

Petit bémol toutefois sur les deux titres que sont Lettin’ Go et Cup Of Coffee. Si les arrangements, empruntés habilement à la grande Jill Scott, font mouche, les partitions sont un peu trop similaires d’une piste à l’autre et s’apparentent à de l’auto-plagiat. L’effet de « déjà ouie » aurait pu être estompé si les deux morceaux ne s’enchaînaient pas. Aussi, il faut plusieurs écoutes pour se laisser convaincre par le remix de Havin’ Fun, en bonus track. Cette fois, c’est l’atmosphère portée par des guitares avec effets psychés et le rétro, version boîte à rythme, qui dénote du reste de la galette.

On pardonne facilement au groupe ces quelques toutes petites fausses notes. Surtout qu’au final l’efficacité des lignes de basse du remix recadre le débat. Surtout aussi, tant l’ensemble est éclairé et atteste d’un savoir-faire bien surprenant. Surtout, le potentiel pour faire encore mieux est bien là. Une carrière que l’on imagine à l’image de Not Alone, titre au nom évocateur, porté par le rap enlevé d’Edash Quata. Si les moyens promotionnels de Wine ne sont pas ceux d’une machine de guerre, la scène devrait être un outil de poids. Le talent devrait faire le reste !

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