Imaginez un robot qui marche comme un être vivant, entièrement fabriqué en une seule pièce… directement à la sortie d’une imprimante 3D. Ce n’est pas de la science-fiction, mais une avancée bien réelle signée par une équipe de chercheurs écossais, déterminés à rendre la robotique souple accessible et prête à l’emploi.
Une conception audacieuse, pensée pour être reproductible
Jusqu’ici, les robots souples n’étaient produits qu’à petite échelle, souvent dans un cadre expérimental. Mais cette nouvelle création, mise au point par l’Université d’Édimbourg, pourrait bien changer la donne. Imprimé en seulement neuf heures, ce robot quadrupède est non seulement entièrement souple, mais aussi fabriqué en un seul bloc, sans assemblage.
Le plus remarquable ? Il est conçu pour être réalisable à domicile, à l’aide d’une imprimante 3D open source à 500 dollars, appelée Flex Printer, construite à partir de composants disponibles dans le commerce. Une avancée qui pourrait rendre la robotique flexible beaucoup plus accessible.
Une impression 3D repensée… à l’envers
Travailler avec du TPU (polyuréthane thermoplastique), un matériau souple et élastique, n’est pas une mince affaire. Lorsqu’il est fondu, ce filament a la désagréable habitude de se déformer ou de s’affaisser sous son propre poids, compliquant fortement la précision de l’impression.
Pour contourner ces contraintes, les ingénieurs ont fait preuve de créativité :
- Ils ont opté pour un filament de plus gros diamètre (2,85 mm), plus stable à l’extrusion,
- Et surtout, ils ont renversé le processus d’impression : au lieu de déposer le TPU du haut vers le bas, ils l’ont poussé du bas vers le haut, permettant à la gravité de favoriser la fusion des couches, plutôt que de les détériorer.
Une fois le robot imprimé, il suffit de retourner le plateau… et le voilà prêt à être activé.
Une mécanique d’inspiration biologique
Pas de moteur, pas de puce complexe. Ce robot utilise un oscillateur pneumatique pour se mouvoir. En envoyant de l’air pulsé à 2,25 bars dans des canaux internes, ce système déclenche deux actionneurs latéraux par patte, ainsi qu’un autre qui soulève le pied. Le résultat : une marche rythmée et organique, comme un petit être vivant.
Bien qu’il s’agisse pour l’instant d’un prototype de démonstration, l’objectif est clair : prouver qu’il est désormais possible de créer des robots souples de manière rapide, économique et répétable.
Une révolution pour la robotique de terrain
Les robots souples intéressent de nombreux secteurs : exploration de zones difficiles d’accès, recherche et sauvetage, robotique médicale, ou encore surveillance de milieux sensibles. Leur souplesse les rend moins dangereux pour les humains et plus adaptables à des environnements imprévisibles.
Avec cette nouvelle approche, les scientifiques d’Édimbourg entendent démocratiser la fabrication de ces machines. « Grâce à notre plateforme, ce qui semblait impossible devient désormais réalisable », déclare Maks Gepner, ingénieur principal du projet.
Un futur prometteur, entre science ouverte et innovation responsable
En s’appuyant sur une technologie open source, ce projet marque une rupture avec les approches cloisonnées de la robotique traditionnelle. Il ouvre la voie à une communauté d’inventeurs, chercheurs, et passionnés, capable de faire évoluer le robot en fonction des besoins du terrain.
Avec moins de contraintes techniques, une grande souplesse d’adaptation et un coût réduit, la robotique souple semble enfin prête à quitter les laboratoires pour s’ancrer dans le monde réel. Et ce petit robot imprimé en neuf heures pourrait bien en être le premier ambassadeur.