À 50 ans, Fouad Yanouri, ancien professeur de sciences physiques, pensait avoir franchi la dernière étape de son DES de médecine générale. Après quinze années d’études et trois ans de recherches pour sa thèse, il se heurte pourtant à un refus sec de l’université de Reims.
Son sujet, centré sur la pédagogie médicale et le socioconstructivisme, est prêt, validé et même imprimé. Mais un courrier officiel, reçu en mars 2025, invoque l’article R. 632-23 du Code de l’éducation : la soutenance doit avoir lieu au plus tard trois ans après la validation du troisième cycle. Ce délai est dépassé.
Une dérogation espérée, mais finalement rejetée
L’histoire prend une tournure amère car l’interne croyait avoir obtenu une dérogation de la part de la doyenne. Initialement prévu pour octobre 2024, son passage devant le jury a été retardé à cause de problèmes avec son directeur de thèse.
Pensant pouvoir défendre son travail début 2025, il se prépare… mais l’université affirme ne jamais avoir reçu de dossier complet dans les temps. Sa demande officielle du 11 avril 2025 est restée sans réponse, entraînant un refus implicite.
Entre passion médicale et reconversion tardive
Reprendre des études de médecine à 33 ans relevait déjà du pari risqué. Stages hospitaliers, cours, recherches… Yanouri a tout mené de front. « J’ai choisi la médecine par vocation, pas par confort », confie-t-il à ses proches.
Mais aujourd’hui, cette vocation est suspendue. Sans thèse soutenue, il ne peut ni exercer, ni remplacer, ni même prétendre à un poste médical.
Une thèse figée… et un avenir en suspens
L’ouvrage, soigneusement relié, reste posé sur son bureau depuis des semaines. Chaque jour qui passe accroît son sentiment d’injustice. « On me demande de jeter 15 ans de ma vie pour un délai administratif », déplore-t-il.
Refuser un recours contentieux, c’est éviter les procédures longues et incertaines devant le tribunal administratif. Mais renoncer, c’est aussi accepter que ses années d’effort disparaissent.
Le dilemme entre la règle et le mérite
Ce cas soulève un débat : faut-il appliquer la loi sans flexibilité, ou reconnaître les parcours hors norme ? L’université invoque l’équité entre tous les internes. Mais pour Yanouri, l’équité ne doit pas écraser la reconnaissance du travail accompli.
En attendant, il cherche d’autres voies pour défendre son projet, espérant toujours ces vingt minutes de présentation qui pourraient lui rendre le droit d’exercer.