C’est un choix qui fait grincer des dents de l’autre côté de l’Atlantique. Début août, Madrid a annoncé qu’elle renonçait à l’acquisition de F-35 américains, un contrat colossal estimé à 6,25 milliards d’euros. Cette décision marque non seulement une rupture avec Washington, mais aussi une volonté affirmée de miser sur l’industrie européenne de défense.
Un virage stratégique assumé
Au lieu de s’équiper auprès de Lockheed Martin, l’Espagne a choisi d’investir dans un plan industriel national et européen de 10,5 milliards d’euros, dont 85 % seront consacrés à des projets communautaires comme le SCAF (Système de Combat Aérien du Futur), un programme piloté par la France, l’Allemagne et l’Espagne. L’objectif est clair : renforcer l’autonomie stratégique du Vieux Continent et réduire une dépendance jugée excessive aux États-Unis.
Cette décision bouleverse néanmoins la planification des forces armées espagnoles. La Marine, qui espérait remplacer ses AV-8B Harrier vieillissants par des F-35, et l’Armée de l’air, en quête d’un successeur au F/A-18 Hornet, doivent désormais revoir leurs options. Parmi elles, le Rafale F5 de Dassault, certifié par l’OTAN, apparaît comme un candidat sérieux.
Des tensions croissantes avec Washington
La volte-face madrilène intervient dans un climat diplomatique déjà tendu. L’Espagne a en effet refusé de se conformer à l’objectif fixé par l’OTAN d’allouer 5 % du PIB à la défense d’ici 2035, préférant maintenir un plafond à 2 %. Ce choix a provoqué la colère du président américain, qui a fustigé publiquement la décision, la qualifiant de « terrible » et menaçant de revoir les conditions commerciales entre les deux pays.
Au-delà de la querelle budgétaire, c’est une divergence de vision qui transparaît : Madrid semble vouloir peser davantage en Europe qu’à Washington, quitte à s’exposer à des représailles économiques.
Un pas vers l’autonomie stratégique
L’Espagne n’est pas seule dans ce mouvement. Elle suit l’exemple de l’Inde, qui a également décliné l’offre américaine concernant le F-35. Pour Madrid, il s’agit avant tout d’un choix de souveraineté. Miser sur les projets européens comme le SCAF permet de consolider une industrie de défense locale, d’éviter une dépendance technologique aux États-Unis et de rester acteur dans l’élaboration des futurs standards militaires.
Cela ne signifie pas pour autant un désengagement total vis-à-vis de l’OTAN : l’Espagne maintient sa participation et ses financements, mais dans des proportions maîtrisées. Autrement dit, Madrid choisit d’affirmer son indépendance stratégique tout en restant un allié, même critique.
Un pari risqué mais assumé
En rompant avec le F-35, l’Espagne prend un risque : celui de retarder le renouvellement de sa flotte aérienne et de compliquer sa coopération avec certains alliés de l’Alliance. Mais elle envoie aussi un signal fort : le temps où l’Europe se contentait d’acheter ses équipements clés aux États-Unis pourrait bien toucher à sa fin.
Dans un monde où la défense et la géopolitique se redessinent à grande vitesse, Madrid fait le pari de l’autonomie. Reste à savoir si ses partenaires européens sauront suivre la cadence…
J’espère que la dynamique sera suivie par tous les pays de l’UE et l’Angleterre !