Et si, en cherchant à produire de l’énergie propre, on tombait sur… de l’or ? Ce n’est pas un conte de fée, mais bel et bien une possibilité évoquée par les recherches autour des réacteurs à fusion. Quand la science moderne flirte avec les rêves les plus fous des alchimistes, les perspectives deviennent franchement fascinantes.
Des rêves antiques à la physique nucléaire
Depuis l’Antiquité, l’alchimie a nourri les esprits : transformer des métaux ordinaires en or grâce à une mystérieuse Pierre Philosophale. Si ces quêtes relevaient plus du mythe que de la science, elles ont pourtant posé les bases de la chimie moderne.
Mais aujourd’hui, la donne change. Grâce à la fusion nucléaire, ce vieux fantasme pourrait bien s’ancrer dans le réel. La société Marathon Fusion affirme que son réacteur tokamak ne se contente pas de générer de l’énergie propre : il pourrait aussi produire de l’or à partir du mercure. Oui, vous avez bien lu.
Une réaction en chaîne… et en or
Comment cela fonctionne-t-il ? Le principe repose sur un phénomène bien connu des physiciens : la transmutation nucléaire. En exposant du mercure-198 à des neutrons rapides émis par la fusion, celui-ci se transforme en mercure-197 instable, qui, via une simple désintégration électronique, devient… de l’or-197, isotope stable et donc exploitable.
Encore plus intéressant : en combinant lithium et mercure, il est possible de produire du tritium, un combustible précieux pour les réacteurs, tout en créant de l’or en parallèle. Une pierre, deux coups nucléaires.
Cinq tonnes d’or par gigawatt produit
Les estimations avancées par Marathon Fusion ont de quoi faire tourner les têtes : cinq tonnes d’or par an pour chaque gigawatt d’électricité généré. À titre de comparaison, cela représenterait plus de 540 millions de dollars de revenus annuels, selon les cours actuels de l’or. Autant dire que cela pourrait largement amortir les coûts d’exploitation d’un réacteur, voire offrir quelques extras luxueux à ses exploitants.
Une idée brillante… mais pas encore validée
Bien sûr, les résultats sont encore en attente de validation par la communauté scientifique, comme le rappelle un article technique récemment publié en prépublication. Les chercheurs recommandent l’utilisation d’un mercure enrichi à 90 % pour optimiser la réaction.
L’étape suivante ? Un traitement chimique post-réaction permet de séparer facilement l’or, grâce à ses propriétés chimiquement stables. Contrairement à d’autres métaux, l’or ne s’oxyde pas et se récupère sans trop de complications.
L’alchimie devient-elle rentable ?
Ce qui relevait du fantasme devient une possibilité économique sérieuse. Si la technologie fonctionne à l’échelle industrielle, elle permettrait non seulement de produire de l’électricité propre, mais aussi de créer de la valeur à partir de déchets métalliques courants.
Une révolution énergétique doublée d’un jackpot ? L’avenir nous dira si le roi Midas du XXIe siècle porte une blouse de laboratoire. Mais une chose est sûre : la science continue de nous surprendre… et parfois, elle le fait avec éclat.