Du 18 au 27 juin, La Défense Jazz Festival, propose une programmation pour le moins audacieuse et éclectique. Ce festival gratuit et en plein air, offre sur différents sites dont le fameux quartier d’affaire de la Défense, des concerts d’une grande qualité.
Mercredi 12h15. Un soleil éclatant inondant la scène, une jeune femme frêle s’avance seule, une guitare à la main.
Irma semble fragile mais elle chante avec un charisme et un naturel qui impose bien vite le respect d’un public mi-badaud, mi-connaisseur. Du haut de ses 20 ans, elle est déjà auteur, compositeur et interprète…rien que ça. Elle chante ce qu’elle aime, ce qui la touche et elle communique à ce public une sensibilité et une émotion forte. Tombée dans la musique depuis son enfance, cette jeune femme d’origine camerounaise arrivée en France à 15 ans, commence son apprentissage par le piano. Mais bien vite, elle se découvre une passion pour la guitare.
Dès les premières notes, on comprend pourquoi cette artiste produit par le site communautaire « My Major Company », a su convaincre les internautes de miser sur son talent et de produire son album. Lorsqu’elle reprend des morceaux comme « I want you back » et « ABC » des Jackson Five, ou encore « This is not a love song » de Nouvelle Vague, c’est pour donner une nouvelle dimension soul et folk à ces morceaux. Elle se les réapproprie si naturellement qu’elle surprend presque par autant de facilité.
Elle est ensorcelante quand elle interprète un morceau de sa composition, « Letter to the Lord », que personnellement je trouve sublime, un véritable bijou qui me fait étrangement penser à Lizz Wright. Mais quand Irma donne le rythme, elle ne le fait pas à moitié. Elle devient beat boxer. 45 minutes suffisent pour que le public tombe sous le charme de cette artiste et finisse par le convaincre, que le talent n’attend décidément pas le nombre des années.
13h. Autre concert, autre ambiance musicale. Et cela sans transition ou du moins, une très courte pause. Encore occupée à de douces rêveries provoquées par les compositions d’Irma, que trois musiciens font simultanément irruption sur la scène, des cuivres principalement (trombone, trompette et tuba) et d’un coup, me voilà propulsée dans un film d’Emir Kusturica. Bientôt, le batteur et le percussionniste les rejoignent.
Deux superbes choristes viennent compléter cette formation burlesque, haute en couleur. Miss Platnum la maîtresse de cérémonie, fait son entrée en scène avec à la main un shaker à vodka pailleté. Elle annonce d’emblée la couleur, ce sera extravaguant et Bling-Bling car elle aime ça. J’avoue que sa démesure peut faire peur au prime abord mais est à la taille de sa générosité. Elle fait valser les clichés des chanteuses filiformes et revendique ses formes généreuses.
On s’attache vite à son énergie ultra positive et son humour décapant. Elle aime mélanger les genres, c’est une inclassable. Miss Platnum c’est un peu comme si on avait associé Lady Gaga à Missy Elliot et rajouté une bonne rasade de musique des balkans. Alors vous imaginez mieux… le tremblement de terre que cette jeune femme de 30 ans a provoqué sur l’esplanade de la Défense. Sa voix est impressionnante, une diva d’un autre genre tout comme sa présence scénique. Parmi les nombreux morceaux qu’elle a interprété, je retiendrai cette intro fabuleuse de « Diamonds are forever » car elle explique son attirance pour tout ce qui brille, mais aussi la cover de « Alors, on danse » de Stromae qui devient « Alors, on mange » succédant ainsi à son morceau « Give me the food ».
On ne s’ennuie pas surtout que la voix et sa présence sur scène sont exceptionnelles. Bref, si je n’ai qu’un conseil à donner, laissez-vous bousculer par cette tornade venue de Roumanie.
Son dernier album « The sweetest Hangover » est disponible depuis le 1er mars 2010.
Pour découvrir plus encore la programmation du Festival :