Depeche Mode – Delta Machine

Depeche Mode – Delta Machine

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S’il y a deux évènements que l’on attend tous les quatre ans, c’est bien le retour des jeux Olympiques et la sortie d’un nouveau Depeche Mode.  La semaine dernière, l’attente était terminée pour l’un des deux.  S’il n’était pas encore l’occasion de regarder des courses de bobsleigh à la télévision dans le confort de notre salon, nous pouvions toutefois se mettre un casque sur la tête afin de décortiquer Delta Machine, le 13e album du célèbre trio électro de Basildon.

Voilà donc quatre ans que l’album Sounds Of The Universe est sorti, huit depuis Playing The Angel, deux disques réalisés par Ben Hillier. Si Playing The Angel rassurait tout le monde après le pétard mouillé qu’avait été Exciter en 2001, Sounds Of The Universe laissait plutôt un grand sentiment mitigé face à sa production froide et légèrement sans âme.  Avec Delta Machine, nous avons affaire à une bouteille d’un cru millésimé.

Depeche-Mode

Ici, les gars de Depeche Mode se réinventent tout en sachant rester eux-mêmes.  Ces sons, ce sont les leurs et ils parviennent à nous surprendre encore et encore.

L’ensemble est d’une formidable cohérence. Noir, blindé de sons nouveaux, de trouvailles magistrales et d’un Dave Gahan à la voix toujours aussi puissante, Delta Machine surprend et déroute avant de finir par séduire de plus en plus à chaque écoute.  Surtout, il est la preuve que la musique new wave peut sonner résolument moderne même en 2013.

Ce n’est pas un disque de blues, mais on y pense tout au long de l’écoute.  Si la batterie est toujours absente, les boîtes à rythmes tapent fort, très fort.  La cohérence se fait dans une tonalité très sombre des morceaux et, même si les thèmes ne sont pas nouveaux (religion, foi, soumission…), Depeche Mode continue de creuser son sillon avec une persévérance remarquable.

L’entrée en matière se fait avec Welcome To My World, une chanson surprenante, très sombre, mais qui s’éclaire avec un refrain au rythme syncopé et aux programmations de synthés analogiques franchement sublimes.  Angel est un morceau qui avait été jeté en pâture sur Internet à l’automne dernier.  Il servait de teaser à l’album à venir.  Avec sa basse profonde, il mériterait une exploitation en single.

Heaven, c’est la superbe ballade utilisée comme premier single et où Dave Gahan nous offre une de ses meilleures performances vocales.  Un morceau qui fait toutefois figure d’anomalie dans l’album, tant il dénote par sa douceur.

Slow nous met un riff de guitare blues dans les oreilles et ne cesse, sur son refrain, de changer de tonalité.  Beaucoup de risques de la part du groupe sur ce morceau qui était prévu à l’époque pour Songs Of Faith And Devotion.  Suave, lancinante…  Elle est la preuve que l’électro peut aider à la reproduction.

Broken est un single en puissance.  Un refrain très aérien avec une guitare qui provoque l’extase…  On n’est pas loin de Never Let Me Down Again.  Soft Touch/Raw Nerve est ce que pourrait donner un croisement entre Joy Division et les Rolling Stones.

Should Be Higher est LE morceau de l’album.  Par sa puissance, sa construction, sa mélodie entêtante et surtout par la performance vocale de Gahan proprement impeccable.  Alone est probablement le morceau le plus noir jamais écrit par Martin Gore.  Son ambiance suffocante ferait passer Nine Inch Nails pour un boys band.

Avec Soothe My Soul, Depeche Mode nous sert un second single très efficace.  Plus positif dans les paroles et les tonalités, le morceau fera un ravage sur les dancefloors.

Enfin, avec Goodbye, le groupe pousse son dernier morceau un peu bluesy et dont la suite d’arpège à la guitare n’est pas sans rappeler le célèbre Personal Jesus.

Même le fan en moi n’était pas gagné d’avance.  Il est difficile, voire même utopique d’attendre un chef d’oeuvre de la part d’un groupe d’une trentaine d’années et, surtout, s’il a connu l’apogée de son succès à la fin des années ’80.  Mais avec toute l’objectivité qu’il me reste, j’affirme haut et fort que Depeche Mode est aujourd’hui un groupe au sommet de son art.  Par sa prise de risque, son exploration d’univers sonores encore inexplorés et son efficacité mélodique, Delta Machine est un disque fort de leur discographie.  À la fois intimiste et portée par un lyrisme introspectif, l’écoute du disque nous plonge dans une belle et grande noirceur réconfortante.

Damien aka Lajouve est connu pour avoir longuement écrit sur Zik4Zik.com
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