Face aux étés toujours plus secs et aux récoltes capricieuses, un tubercule discret mais tenace fait son grand retour dans nos champs. Le souchet, oublié du grand public, pourrait bien devenir l’allié des agriculteurs en quête de solutions durables.
Le souchet : petit mais costaud
On l’appelle aussi noix tigrée, mais sous ce nom un brin exotique se cache un tubercule ultra-résistant, capable de pousser là où la plupart des plantes jettent l’éponge. En période de canicule, il reste stoïque. Pas besoin d’arrosages fréquents, ni de traitements lourds : le souchet aime les sols secs et s’y sent comme chez lui.
Ce n’est pas un hasard si les civilisations anciennes l’avaient déjà adopté. On le retrouve dans les fresques de l’Égypte antique, cultivé pour ses propriétés nutritionnelles et médicinales. Aujourd’hui, ce légume ancien refait surface, non pas par nostalgie, mais par nécessité.
Le pari réussi d’un agriculteur du Sud-Ouest
René Cartier, agriculteur en Nouvelle-Aquitaine, a longtemps vu ses champs brûler sous le soleil. « J’en étais à envisager d’arrêter certaines cultures », confie-t-il. Il y a trois ans, il tente une expérience : planter du souchet. Peu d’arrosage, des soins limités, mais une sacrée dose de curiosité. Résultat ? « La première récolte m’a bluffé. Même avec un été sec, j’ai obtenu un rendement inespéré. »
Pour lui, c’était bien plus qu’un test : une solution économique viable. Là où d’autres cultures échouaient, le souchet a tenu bon.
Un trésor nutritionnel et commercial
Le souchet n’est pas qu’un champion de la résilience : il coche aussi toutes les cases côté santé. Riche en fibres, en minéraux et en bons lipides, il fait le bonheur des nutritionnistes. Et ses déclinaisons sont multiples : lait de souchet, farine sans gluten, en-cas énergétiques…
Dans un monde où la consommation végétale progresse, ce tubercule coche toutes les cases du produit de niche à fort potentiel. Certains le voient déjà sur les rayons bio aux côtés du quinoa et des graines de chia.
Une culture qui réconcilie rentabilité et écologie
L’un des plus gros atouts du souchet, c’est sa capacité à générer du revenu sans nécessiter d’infrastructures coûteuses. Peu gourmand en eau, il permet aussi de réduire l’empreinte carbone de l’exploitation, en limitant les besoins en irrigation ou en engrais chimiques.
Les experts en agriculture durable, comme ceux de l’INRAE, s’y intéressent de près. Des études sont en cours pour améliorer les méthodes de culture et anticiper son impact sur la biodiversité locale.
Une piste d’avenir pour des systèmes agricoles plus résilients
On ne va pas se mentir : cultiver du souchet ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut adapter les pratiques agricoles, apprendre à connaître ce tubercule atypique, et revoir parfois toute une chaîne de production. Mais les bénéfices à long terme sont prometteurs.
À l’heure où l’on cherche à diversifier les cultures pour mieux affronter les aléas climatiques, le souchet ouvre une voie concrète et vertueuse. Il pourrait bien être l’un de ces piliers discrets mais essentiels d’un nouveau modèle agricole, plus résilient, plus local, et surtout plus aligné avec les réalités de demain.
Et si la clé d’un avenir agricole plus serein se trouvait, tout simplement, sous nos pieds ?