Malgré les menaces impassibles et les propos caustiques qui ont défini son œuvre depuis l'époque de ses mixtapes, 21 Savage a longtemps enduré des lamentations qui entrent en conflit avec sa position sur la liste A. Alors que son stock montait en flèche, le rappeur né à Londres et élevé à Atlanta a été contraint de faire face à une arrestation par l'ICE, à la mort prématurée d'amis proches et à un ATL fracturé encore sous le choc des retombées du procès YSL. Tout cela semble l'amener à se demander ce qui n'a pas fonctionné sur son quatrième album, « What Happened To The Streets ? ».
Dès le saut, le Slaughter King continue sa série d'intros enflammés avec « Where You From », un headnodder graveleux où il prête allégeance à la zone 6 d'East Atlanta (« Comme mon négro Nudy, je ne quitterai jamais le 6 ») tout en glissant sur un rythme sinistre de Southside et Wheezy. Comme il se souvient de « grandir dans la folie »Sav' évite également les conflits industriels entre deux collaborateurs fréquents (« Chatte, ne me pose pas de questions sur Metro ou Drake »)
L'érosion du code de la route pèse lourd sur 'Stepbrothers', un piège mettant en vedette le cousin Young Nudy où 21 menace de « contrôle-alt-suppression » tout le « bavards sur oreiller » glorifiant « Tout n'est pas de la merde ». Pendant ce temps, lui et Lil Baby déplorent la régression de la scène rap d'ATL à la suite de l'affaire YSL sur « Atlanta Tears », se hérissant contre les étrangers qui façonnent les récits et les réalités qu'ils ont vécus (« Les nerds d'Internet essaient de nous dire ce que ressentent les rues »).
Alors que le ton traînant et méchant de 21 se prête à davantage de promesses de violence, il est suffisamment conscient de lui-même pour réaliser qu'il ne s'en sort que grâce à la toxicomanie. Dans l'émission «Gang Over Everything», assistée par Metro Boomin, il avoue que son « le cœur est devenu plus froid » après une perte, mais est incapable de fonctionner sans « Je parle de codéine ». C'est à la fois sa solution et son problème, soulignant que toute sa bravade n'est qu'un écran de fumée cachant la culpabilité de son survivant. Le chagrin refuse de relâcher son emprise sur le remarquable « Code Of Honor », où touches, cordes et caisses claires se combinent pour produire un effet obsédant. G Herbo rejoint Sav' pour pleurer ses proches décédés (« Larry s'est fait tuer avec sa maman, je suis tombé en morceaux ») avant de revenir en mode combat (« Je m'en prends à cette salope et je blâme dès que tu parviens à l'atteindre »).
Cependant, 21 laisse les Rugers et Hollow Points à la maison pour « I Wish » – un requiem introspectif où il souhaite que les choses soient différentes pour Nipsey Hussle, Young Dolph, Takeoff, Pop Smoke, Rich Homie Quan, et plus encore. Malgré un crochet mièvre et un échantillon peu judicieux de R. Kelly, c'est un moment sincère qui nous rappelle la tragédie que le hip-hop a endurée au cours de la dernière décennie et consolide Sav' en tant qu'artiste capable de plus qu'une simple menace monotone.
« Qu'est-il arrivé aux rues? » ne réinvente pas musicalement le trap comme le faisaient ses prédécesseurs plus cinématographiques, mais le nouvel album met en valeur la dualité de 21 Savage – une star ascendante aux prises perpétuelles avec des démons. Il ne répond pas exactement à la question principale, mais documente plutôt sa dégradation : la disparition du code G, le nombre croissant de victimes, les méthodes autodestructrices pour engourdir la douleur. L'album ne cherche pas tant de solutions mais sert plutôt de rapport d'autopsie, livré par quelqu'un qui a enduré le chaos assez longtemps pour dire des vérités crues.
Détails
- Maison de disques : Gang de massacre/Records épiques
- Date de sortie : 12 décembre 2025
