Perdue sous les sables brûlants de Dahchour, au sud du Caire, une pyramide oubliée refait surface après quatre millénaires de silence. Ce qui devait être une plongée dans un passé intact s’est transformé en scène de crime figée dans le temps. Et plus les archéologues avançaient, plus le mystère s’épaississait.
Une pyramide cachée, un secret longtemps enfoui
Dahchour, ce nom vous dit peut-être quelque chose. On y trouve la célèbre pyramide rhomboïdale et celle, non moins impressionnante, dite pyramide rouge, toutes deux construites par le pharaon Snefrou. Mais jusqu’à récemment, personne ne soupçonnait l’existence d’une troisième structure, dissimulée sous des siècles de sable et d’oubli.
Tout commence par un simple chantier. Des ouvriers tombent par hasard sur des blocs de calcaire taillés avec une précision étonnante. Alertés, les archéologues débarquent, creusent, et tombent sur un couloir menant à une chambre funéraire totalement scellée. Un événement rare, dans un pays où les tombes ont depuis longtemps attiré les convoitises des pilleurs.
Un tombeau… pillé avant même d’être fermé
L’espoir est immense : des objets intacts, des trésors d’une époque oubliée, peut-être même des momies royales. Mais une fois la dalle déplacée, l’enthousiasme laisse place à la stupeur. À l’intérieur, tout est sens dessus dessous. Les objets sont brisés, les reliques jetées au sol, et l’ordre habituel d’un rituel funéraire royal est absent.
Le plus troublant ? La dalle supérieure était parfaitement en place, comme si rien n’avait jamais été touché depuis 4 000 ans. Une énigme. Pour Chris Naunton, égyptologue britannique de renom, c’est “une scène de crime antique”.
Les investigations révèlent peu à peu la vérité : le vol a eu lieu avant la fermeture officielle du tombeau. Un pillage de l’intérieur, par ceux-là mêmes chargés de le protéger ? Les indices le laissent penser.
Une affaire de trahison au cœur de la dynastie ?
Les faits remonteraient à la XIIIe dynastie, période instable et traversée par des conflits de pouvoir. L’hypothèse d’un complot royal n’est pas exclue. La profanation d’une tombe à cette époque pouvait être un acte politique : effacer symboliquement un rival du royaume des morts, c’était aussi l’effacer du monde des vivants.
Mais qui était donc cette mystérieuse victime ? C’est là que l’histoire prend un tournant encore plus fascinant.
Une princesse inconnue sort de l’oubli
Au milieu des débris, les archéologues découvrent un coffre canope (utilisé pour conserver les organes momifiés) portant des hiéroglyphes presque effacés. Grâce à des techniques de scan 3D avancé, ils parviennent à déchiffrer le nom de la défunte : Hatshepsout.
Non, il ne s’agit pas de la célèbre pharaonne du Nouvel Empire, mais d’une autre femme royale portant le même nom, jusqu’alors totalement absente des registres historiques. Et pourtant, elle avait sa propre pyramide. Une princesse de premier rang ? Une souveraine écartée de l’histoire officielle ? Les hypothèses fusent.
Une redécouverte qui bouleverse l’histoire
Ce tombeau bouleversé soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses :
• Qui a ordonné le pillage avant la fermeture ?
• Était-ce une vengeance, un complot, ou un effacement rituel ?
• Pourquoi son nom et son existence ont-ils été rayés des textes ?
Même après 4 000 ans, le désert égyptien continue de livrer ses secrets à moitié effacés, parfois dans le fracas des découvertes inattendues. Et si chaque pierre levée dévoile un nouveau pan du passé, certaines — comme celle de cette pyramide silencieuse — nous rappellent que l’Histoire n’est jamais totalement écrite.