Une découverte scientifique pourrait bouleverser le dépistage du cancer du pancréas, l’un des cancers les plus redoutés en raison de son agressivité et de son diagnostic souvent trop tardif. Des chercheurs américains ont identifié une signature génétique précoce qui permettrait d’anticiper la transformation de cellules précancéreuses en véritables tumeurs.
Le cancer du pancréas : un tueur silencieux
Chaque année en France, près de 16 000 personnes reçoivent ce diagnostic, selon l’Institut national du cancer. Le pronostic reste sombre : neuf patients sur dix décèdent dans les cinq ans suivant l’annonce. La difficulté majeure réside dans le fait que les premiers symptômes apparaissent tardivement, lorsque la maladie est déjà bien installée.
Mais une équipe de l’Université de Californie à San Diego vient de mettre en lumière un mécanisme qui pourrait, à terme, changer la donne.
Une signature génétique baptisée « STRESS UP »
En étudiant des souris porteuses d’une mutation du gène KRAS – mutation très fréquente dans les cancers du pancréas, du poumon et du côlon – les chercheurs ont observé un phénomène intriguant. Sous l’effet de l’inflammation ou d’un manque d’oxygène, une protéine appelée STAT3 s’active.
Cette activation entraîne l’expression d’un gène particulier, ITGB3 (intégrine β3), déjà connu pour son rôle dans la prolifération et la dissémination tumorales. Ensemble, STAT3 et ITGB3 créent une boucle de rétroaction qui accélère la croissance des cellules cancéreuses et leur résistance aux traitements.
Les chercheurs ont identifié une signature génétique commune à ce processus, qu’ils ont appelée STRESS UP. Cette signature apparaît bien avant les symptômes et pourrait donc servir d’alerte précoce.
« Des patients inductibles »
« Un nombre important de patients sont ce que nous appelons inductibles pour ces gènes STRESS UP », explique le Dr David Cheresh, pathologiste et auteur principal de l’étude, cité par Newsweek. En clair, chez certains individus, ces gènes peuvent s’activer très tôt, avant même qu’une tumeur ne soit visible à l’imagerie.
La bonne nouvelle, c’est que des médicaments déjà disponibles pour d’autres maladies pourraient bloquer STAT3, ralentissant ainsi l’activation de la signature STRESS UP et offrant de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Des espoirs pour d’autres cancers
Dans leurs expérimentations sur des modèles murins, le blocage de STAT3 a permis de rendre les cellules cancéreuses moins agressives et plus sensibles aux traitements, notamment à la chimiothérapie. Les chercheurs estiment que ce mécanisme pourrait également concerner d’autres cancers épithéliaux, comme ceux du sein, du poumon ou encore de la peau.
Les prochaines étapes visent à confirmer ces résultats chez l’être humain et à tester des molécules capables d’empêcher l’activation d’ITGB3 dès les premiers stades de la maladie.
Un nouvel espoir dans la lutte contre le cancer du pancréas
Si ces résultats se confirment, cette découverte pourrait marquer une étape majeure dans le dépistage et le traitement d’un cancer réputé presque toujours fatal. Détecter la maladie avant qu’elle ne progresse de manière irréversible serait une révolution pour les patients et pour la recherche médicale.