Jouer en musique est devenu une véritable passion sur Facebook. C’est sur ce nouveau service qu’a misé MXP4. Avec les Bopler Games, la société fondée par Gilles Babinet, creuse le concept du jeu musical qui avait eu tant de succès – plus de 18 millions de fans – sur la page Facebook de David Guetta : Pump it.
Le 19 avril dernier, MXP4 a lancé un nouveau service de jeux sociaux musicaux : « Bopler Games« . Basée sur sa technologie brevetée d’analyse des fichiers audio, elle permet d’extraire les données d’un morceau (rythme, harmonies…) pour les intégrer à des jeux. Ainsi, en associant musique, jeu et réseau social, MXP4 souhaite répondre à trois règles de l’entertainment sur le web :
- «Les consommateurs aiment se socialiser tout en se divertissant»
- «Les consommateurs aiment personnaliser leur divertissement»
- «Intégrer des médias annexes au service»
C’est bien ce que l’on découvre lorsque l’on se connecte pour jouer en ligne. On retrouve sur une même plateforme toutes les activités que l’on faisait de manière dispersée auparavant. De plus, le service est simple d’accès, interactif et gratuit… ou presque. En effet, pour télécharger plus de 60 secondes du morceau, il faut passer à la version payante grâce à des «Facebooks Credits» (9 crédits, soit 1,1 euro, pour un titre et le jeu). Les gamers retrouveront ainsi le principe du jeu «Pump it» de David Guetta décliné en quatre applications : Space It, Match It, Snake It, Pump It.
Et pas besoin d’être initié aux jeux-vidéos complexes pour apprécier ces Bopler Games. C’est du divertissement pur ! On écoute la musique que l’on aime et on joue avec elle. Ce qui rend le tout intéressant, c’est que l’on est en compétition avec ses amis Facebook pour avoir le plus de points possible. La légèreté, la convivialité et la répétition sont les atouts de ces mini-jeux. L’approche peut être très ludique ou totalement addictive. Ces jeux « ne nécessitent aucun talent ou dextérité, on y progresse mécaniquement si l’on y revient régulièrement et, au final, ils sont juste un prétexte pour entretenir un lien avec ses amis », selon Nicolas Gaume, créateur de jeux vidéos français.
Un business florissant à court-terme
L’essor de ces jeux sur les réseaux sociaux s’explique par cette nouvelle manière de divertir. Selon Philippe Torres, directeur des Etudes et du Conseil à L’Atelier BNP Paribas, « Aujourd’hui le champ du jeu s’étend au grand public. Pendant longtemps le jeu vidéo était synonyme dans bien des cas des jeux massivement multi-joueurs (MMORPG) . Des jeux qui s’adressaient avant tout à des communautés de joueurs passionnés. Mais avec l’apparition des « casual games » notamment sur les réseaux sociaux, nous assistons à l’émergence d’une nouvelle génération de jeux. Un type de jeu qui n’est ni engageant, ni impliquant, et qui de ce fait touche maintenant l’ensemble des internautes. »
Pour la plupart de ses adeptes, ces jeux sociaux sont certes des passe-temps, mais pas au point qu’on leur consacre une partie de son budget. Plus de 95 % des joueurs s’y adonnent gratuitement – ils sont toujours proposés en accès libre – seuls quelques passionnés leur consacrent quelques euros. Zynga est sans doute le leader sur ce marché avec des jeux comme Farmville. La société a dégagé un chiffre d’affaires de 850 millions d’euros en 2010. En fait, la grande force de Zynga tient au fait que le « taux de conversion » de ses membres vers la version payante est de 3% contre 1% chez ses concurrents.
En ce qui concerne MXP4, Albin Serviant, directeur général, s’attend à un « taux de conversion de 5% ». Mais il est difficile de savoir si les joueurs seront prêts à payer pour un simple passe-temps. De plus, les jeux qui rapportent beaucoup grâce au modèle économique de la micro-transaction, comme ceux de Zynga, sont plus élaborés que les mini-jeux proposés pour l’instant par Bopler Games. Mais l’ambition de MXP4 est de profiter de l’attractivité actuelle de Facebook auprès des joueurs occasionnels. Pour MXP4, 95% des utilisateurs resteront sur le gratuit, mais les 5% restants pourraient bien faire la fortune de la société…
En fait, la plupart de ces jeux sont développés pour être rentables à partir d’un tout petit pourcentage d’utilisateurs payants. C’est pourquoi tout est fait pour les « monétiser » au maximum grâce à la publicité et aux partenariats. Facebook profite d’ailleurs d’une commission de 30 % sur les revenus générés par le «social gaming». En 2010, le chiffre d’affaires de MXP4 a été de 500 000 euros et la société vise un ARPU (revenu moyen par abonné) de 5€ en 2011. Le marché est donc prometteur ! D’autant plus que MXP4 est soutenu par les fonds Orkos Capital, Sofinnova Partners et Ventech.
Les conséquences pour l’industrie musicale
Pour l’instant MXP4 a signé avec deux majors et quatre grands éditeurs, et poursuit les discussions avec d’autres sociétés. Mais quels avantages ont les labels à collaborer avec MXP4 ? Avec l’essor du streaming de la musique numérique, l’industrie musicale est plongée dans l’univers d’Internet. Les jeux sociaux représentent donc un moyen comme un autre de diffuser leurs catalogues avec une rémunération à la clef. D’un point de vue marketing, l’interactivité proposée par les Bopler Games peut également s’avérer intéressante. L’imprégnation de la musique fonctionne d’autant mieux qu’elle fait partie intégrante du jeu. Combiné au processus «viral» du réseau social le plus célèbre du monde, les majors ne devraient pas être trop réticentes à confier leurs artistes à ce nouveau mode de consommation multiforme.
Article écrit par Matthieu Dartiguenave