La France ne se résume pas à ses grandes métropoles et ses paysages emblématiques. Nichées un peu partout sur le territoire, certaines cités autrefois vivantes sont aujourd’hui désertées, figées dans le temps. Ces villes fantômes portent encore les traces d’histoires tragiques ou d’évolutions socio-économiques qui ont scellé leur sort.
Oradour-sur-Glane, Haute-Vienne
Symbole national de la barbarie nazie, Oradour-sur-Glane a été le théâtre d’un massacre le 10 juin 1944, perpétré par la 2ᵉ division Waffen SS « Das Reich ». En quelques heures, 643 habitants – hommes, femmes et enfants – furent exécutés, et la ville incendiée.
Aujourd’hui, le village est conservé en l’état comme un mémorial à ciel ouvert. Depuis 1999, le Centre de la mémoire accueille les visiteurs et leur propose une exposition permanente retraçant cette tragédie, fruit d’un travail de recherche approfondi.
Occi, Corse
Perché à 377 mètres d’altitude, au-dessus de Lumio, dans le nord de la Corse, le village d’Occi offre une vue splendide sur la Méditerranée et la marine de Sant Ambroggio. Il fut habité par des réfugiés fuyant les raids sarrasins au Moyen Âge, avant d’être peu à peu abandonné au profit de Lumio.
Son dernier habitant est décédé en 1918, laissant place à des ruines aujourd’hui partiellement restaurées. Accessible uniquement à pied, Occi attire les amateurs de randonnée et de panoramas spectaculaires.
Cumières-le-Mort-Homme, Meuse
Pendant la Première Guerre mondiale, le Mort-Homme fut l’un des hauts lieux de la bataille de Verdun. Pris par les troupes allemandes le 16 mars 1916, le village voisin de Cumières subit le même sort un mois plus tard.
Classé « village détruit, mort pour la France » à la fin du conflit, il reçut en 1922 l’appellation Cumières-le-Mort-Homme. Aujourd’hui, il reste un lieu de mémoire puissant, témoin des combats acharnés qui ont ravagé la région.
Le Poil, Provence-Alpes-Côte d’Azur
À 1 200 mètres d’altitude, ce hameau des Alpes provençales comptait près de 300 habitants au début du XXᵉ siècle. L’exode rural et les conditions de vie difficiles entraînèrent son abandon dans les années 1930.
En grande partie en ruines, Le Poil connaît aujourd’hui une renaissance partielle grâce à l’association Les Amis du Poil, qui œuvre pour sa préservation. Un gîte accueille même les visiteurs curieux de passer une nuit dans ce décor hors du temps.
Brovès, Var
Dans les années 1970, le village de Brovès fut évacué pour permettre la création du camp militaire de Canjuers. Jugé trop dangereux, le site fut finalement abandonné.
Interdit au public, il rouvre toutefois ses portes une fois par an, le lundi de Pentecôte, pour un pèlerinage dans sa chapelle. L’occasion pour les anciens habitants, dispersés dans la région, de se retrouver et de faire vivre la mémoire du village, malgré l’avancée inexorable des ruines.
Ces villages désertés sont autant de témoins silencieux de l’histoire et des bouleversements qui ont façonné notre pays. Les visiter, c’est plonger dans une atmosphère unique, entre mémoire, émotion et contemplation.