Botibol – Born from a shore

C’est dimanche. Les rayons du soleil caresse encore le visage alors qu’il décline déjà. Malgré la relative fraîcheur des températures, tout annonce déjà le printemps, jusqu’à la belle couleur dorée du ciel sans nuage. Le printemps s’annonçait dès le 28 février dernier, sur la pochette joliment colorée de l’album de Botibol. Alors que les cimes sont encore enneigées, un peu plus bas, dans la vallée, la nature se pare de vert, de rose et de bien d’autres teintes. Et c’est aussi ça, la musique de Vincent Bestaven Aka Botibol : une musique solaire, qui réchauffe et qui sent la nature. Du grain et un something wild, de pourtant joliment maîtrisé, dans la voix du Bordelais, lui donnent une facture fragile et pleine d’émotion.

Botibol… Le nom a quelque chose d’enfantin, de rond et et de pataud. Normal, puisqu’il est sorti tout droit de l’imagination fertile de Roald Dahl. En tout cas, la beauté de Born From a Shore est sans appel. L’album est cohérent, sans souffrir d’aucune monotonie. Cette sortie est l’écho parfait à celle du dernier né entre les mains de Sam Beam dont les morceaux sont d’une telle densité qu’on s’y perd, parfois.

Ici, là, tout de suite, trois titres que j’aime particulièrement avoir dans les oreilles, alors que je bois un chocolat chaud, emmitouflée dans un plaid, avec une paire de bonnes grosses chaussettes. J’en arrive presque à imaginer le feu qui crépite, là, dans la petite barraque en pain d’épices, sur la pochette. J’vous les aurais bien tous présenter, les titres, tellement c’est beau. Mais, je vous laisse quelques surprises, si le ♥ vous en dit, après ça…

Joe Cowboy commence comme une petite ritournelle innocente, comme une petite valse lente et enfantine qu’on pourrait croire sortie de la tête d’un Sufjan Stevens. Si on s’envole sur le temps d’un moment, la lourdeur du refrain nous recolle tout de suite au sol, en apportant un puissant « drama ». Ce morceau apporte la lumière et sa part d’ombre. La voix douce et aérienne de Vincent est accompagnée de choeurs sur les refrains, dont la voix grave ajoute une belle intensité tragique.

Alors que j’écoute A Small Light In the Dark, je ne peux réfréner de comparer la voix de Vincent Bestaven à celle de Damien Jurado, songwriter un peu trop ignoré à mon goût. Ce qui est évident avant tout, c’est que, définitivement, l’univers renifle le meilleur de la folk, comme celle que peut produire Bon Iver ou Sam Beam – une comparaison certes flatteuse, mais à mon avis, méritée.

Filling a Hole m’a surprise à la première écoute. Je ne m’attendais pas à un morceau blues sur l’album. La guitare folk en intro puis la voix accompagné d’un max de réverb’… Tu te dis que les Black Keys ont manqué d’écrire ce morceau. Une intro puissante, une mélodie qui monte et qui descend, comme si on suivait le cours d’une rivière au travers les montagnes. C’est aussi sauvage, qu’indomptable. Par moment, ça se calme, mais derrière le cours d’eau tranquille se cache parfois la chute que tu n’attendais pas dans ton kayak, petit Yakari.

Trois morceaux donc, et l’album contient ni plus ni moins que douze titres aussi magiques que prometteurs, puisqu’on espère bien que Botibol va continuer à nous en-chanter les oreilles, même durant les longues soirées d’hiver.

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