The Dears – Degeneration Street

 

Trois ans déjà se sont écoulés depuis la sortie de Missiles. Est-ce à dire que The Dears s’étaient fait discrets ?

« – Mais c’est qui The Dears ? »

Le problème tient tout entier dans cette petite question anodine. A quelques exceptions près, malgré l’accueil chaleureux de la presse depuis une bonne décennie, le grand public a toujours boudé ce groupe débarqué de chez nos cousins québécois, tabernacle ! Note pour plus tard : rappeler que le Canada nous a donc envoyé autres choses que ses monstrueux coffres à voix braillards.

Degeneration Street est le cinquième album du groupe emmené par Murray Lightburn. Ce dernier opus se rapproche de No Cities Left, pour le meilleur, après un album particulièrement monochromatique pour le pire (Missiles 2008).

Indéniablement teinté de Britpop, cédant aux sirènes de l’électro, délivrant des sonorités plânantes, Degeneration Street livre quelques belles pépites qui ont toutes un parfum de grandeur et de décadence. Ainsi pourrait-on les définir, puisqu’il y a ce quelque chose de profondément désespérée  dans les mélodies. The Dears est un groupe de chevaliers partis guerroyer et prêts à mourir sur le champ de bataille. Malgré la hargne apparente, une odeur de vaincu d’avance s’échappe de certains morceaux, laissant entrevoir l’image d’un challenger devant l’éternel, qui se bat et qui tombe sans cesse ;  la grandeur dans la défaite. Après Missiles, qui n’était pas si réussi, on est content de les voir retrouver des accents plus percutants avec ce nouvel album.

C’est quoi le son façon The Dears ? Une sorte de Gogéta* entre Bloc Party pour le côté punchy ainsi que la voix de Lightburn qui s’apparente tant et tant à celle de Kele Okereke et Radiohead de l’autre, pour le côté aérien. Drôle de synthèse donc puisqu’a priori, c’est un monde qui sépare les deux groupes. Est c’est justement ça qui est intéressant. Omega Dog, avec sa guitare entêtante et la voix frêle et joliment perchée de Lightburn est un morceau minimal élégant, qui passe de l’entraînant au lyrisme héroïque, telle une épopée musicale de cinq minutes. Le moins qu’on puisse dire c’est que ce morceau est le single de l’album. C’est à l’écoute de 5 Chords et de Thrones que la ressemblance de la voix de Lightburn et celle d’Okereke est le plus flagrante et l’analogie avec Bloc Party (Silent Alarm) se confirme à l’écoute du ravageur Stick with me Kid. Blood, sorte d’irruption volcanique toute en saturation, malgré la présence toujours très importante des claviers qui demeure la marque de fabrique du groupe, nous invite à secouer gentiment la tête. Le frais et punchy Yesteryear s’ouvre de manière entraînante, comme un morceau des Kooks mais, une fois de plus, et de trop, the Dears ne peut pas s’empêcher d’associer des sonorités baroques qui deviennent  parfois une mauvaise habitude, puisque c’est au détriment du morceau. Lamentation tout en douceur et en volupté, avec sa basse ronde, est un choix culoté : il a tout du slow sur lequel les filles des eighties blottissaient leurs têtes dans le cou des garçons mais, avec en plus, des flots de guitares saturées et un onirisme à la Sigur Ros (Ágætis byrjun), que vient ponctuer définitivement l’intermède Torches. Galactic Tides et ses chœurs mélancoliques, aurait pu être composé par Radiohead à l’époque d’OK Computer pour les fanas de cette époque du groupe emmené par Thome Yorke.

The Dears tente un équilibre précaire et touchant, très humain en somme, qui mérite qu’on tende une oreille.

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