Soirée Insoumises // Festival Île-de-France @La Gaîté Lyrique

Soirée Insoumises // Festival Île-de-France @La Gaîté Lyrique

C’est dans le cadre du festival d’Ile-de-France, cette année sous le signe des « Tabous », que la Gaité Lyrique a accueilli jeudi soir, 3 femmes et surtout 3 grandes artistes : Léonie Pernet, Yasmine Hamdan et Planningtorock. La salle affichait d’ailleurs complet. Toutes trois ont en commun, leur lutte pour exister en tant qu’artiste et femme aujourd’hui. S’affranchissant des barrières culturelles, chacune à sa façon et grâce à des formes d’expression musicales différentes, elles nous ont fait partager leur univers si singulier, et nous ont insufflés cette immense bouffée de liberté créative, toute en séduction et en intensité.

 

Léonie Pernet

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Crédit Photos : Olivier Hoffchir


Au prime abord, il est assez difficile de vous définir Léonie Pernet, tant elle est atypique. Quand on voit débouler sur scène cette jeune femme, à la chevelure frisée toute désordonnée, vêtue de son polo à rayures rouge et noir, on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Quand en plus, on se rend compte qu’elle n’a besoin d’aucun autre musicien et que tous ces instruments sur scène, sont pour elle toute seule, là, on reste un peu interdit et surtout curieux. Quelques minutes plus tard, je dois bien l’avouer, elle m’a laissée bouche bée. Je la connaissais déjà DJ, derrière ses platines (organisatrice des soirées électroniques parisiennes « Corps vs Machine ») et j’avais vraiment hâte de la découvrir sur scène en version acoustique.
Sur la scène de la Gaîté Lyrique, la jeune femme multi-instrumentaliste, passe du clavier qu’elle caresse en toute délicatesse à la batterie qu’elle percute avec force et dextérité. Rien de surprenant car Léonie, est diplômée du Conservatoire en percussions classiques. Cependant malgré un parcours académique, elle croise le chemin de l’électro via Yuksek ou encore Scratch Massive qu’elle accompagne aux percussions en 2013 lors de leurs concerts.

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Crédit Photos : Olivier Hoffchir

Une femme paradoxe, ses compositions sont proches de l’expérimentation musicale à l’instar de son EP « Two of us » sorti en avril 2014 : elle alterne ainsi des mélodies tantôt intimiste et mélancolique, tantôt puissante et intense. Léonie est pareille à un cheval lancé en plein galop, tempétueuse et assurée. Elle diffuse dans la salle attentive, une pop sensible où elle dépose du bout des lèvres, son  fragile filet de voix.
Et c’est baguettes en mains, qu’elle ponctue son set d’un explosif solo de batterie.
A s’en remettre aux applaudissements nourris du public, la prestation de la demoiselle a fait mouche. En attendant en son 1er album, je vous laisse vous faire votre propre idée avec « Two of us », son 1er EP.

https://soundcloud.com/leoniepernet

 

 

Yasmine Hamdan

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Crédits Photos : Olivier Hoffchir


Yasmine Hamdan est déjà une star aux multiples facettes : actrice, chanteuse et compositrice.  La jeune femme d’origine libanaise, vivant à Paris, révolutionne depuis quelques années la musique du Moyen-orient en y injectant de l’électro et du rock.
Alors que Yasmine entre sur scène, entièrement vêtue de noir, la silhouette soulignée par un pantalon de cuir,  il est clair que le public semble hypnotisé tant par sa beauté que par la chaleur de sa voix.
Pour ma part, je découvre pour la première fois le phénomène sur scène. Je dois bien vous l’avouer, je ne suis pas une grande experte des musiques orientales et j’avoue sans pudeur mon ignorance. Cependant, la sensibilité et la puissance que dégage cette chanteuse en live sont impressionnantes. Yasmine Hamdan conjugue les sonorités électroniques et rock à des textes puisés au coeur même de la culture arabe (Egypte, Koweit…). Accompagnée sur scène de trois musiciens, la déesse tourbillonne et virevolte propulsant dans la salle des ondes électro explosives. A différentes reprises, elle fait quelques clin d’oeil « humoristique » à la communauté arabe, venue l’applaudir. Cependant, pour les autres (dont je fais partie) elle explique l’origine des morceaux et racontent leur signification.

 

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Crédits Photos : Olivier Hoffchir

Il est souvent question des femmes, de leurs combats à l’instar du morceau Aziza. La chanson raconte l’histoire d’une femme qui a pour habitude de se faire avoir par les hommes et qui à la fin, renverse la situation. Yasmine esquisse d’ailleurs un léger sourire en narrant l’histoire. Elle adore communiquer avec le public. Tout au long de ce morceau, la batterie claque et se fait tempêtueuse sur des rythmes rock n’roll effrénés. Elle module sa voix et elle chante même avec deux micros à la fois. Le public semble entièrement captivé. On ne sait qui de sa musique ou de ses mouvements ondulatoires est le plus hypnotique. Sur le titre Khalas (seul mot que je connais qui signifie « assez »), je me laisse charmer et envahir par l’émotion. Une grande complicité émane entre elle et ses musiciens, d’ailleurs le batteur s’avère être un compagnon de longue de date. Sur Beirut, la mélodie se fait plus douce. Yasmine nous apprend alors qu’elle tire cette chanson d’un poème libanais d’Omar El Zenni écrit dans les années 40. Sur Deny, il est moins question d’artifices sonores, l’orientalisme de ses compositions s’associe cette fois à la folk.  Avec Yasmine Hamdan, vous vous risquez à une belle claque scénique. Elle fait partie de ses artistes que vous ne pouvez ne pas voir en live tant elle est charismatique. Je ne saurai trop vous recommander l’écoute de son album « Ya Nass » qui révèle de vrai petits trésors mélodiques.

 


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Crédits Photos : Olivier Hoffchir

L’album  « Ya Nass » de Yasmine Hamdan est sorti en avril 2013.

www.yasminehamdan.com/

 

Planningtorock

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Pour ce  dernier set, le public est plus clairsemé, mais qu’importe… Porte-parole en faveur de la liberté des genres, celle qui se fait appeler aujourd’hui Jam (précédemment Janine) Rostron, est un véritable ovni musical. Berlinoise d’adoption, cette anglaise est une artiste inclassable.

Planningtorock est reconnue pour ses performances scéniques et à sa musique souvent jugée expérimentale. Il était donc normal que poussée par la curiosité, je finisse cette soirée « Tabous » en beauté.

L’installation instrumentale sur scène est pour le moins minimaliste : deux tables de mixages et quelques percussions. En arrière plan, un écran géant projette le visuel très coloré de la pochette de son album, « All Love’s Legal ».

Cet album (son 3ème précisément) est plus abordable que les précédents. Sur scène, elle est accompagnée d’une DJ et d’une percussionniste. Planningtorock interprète rapidement le « tubesque » Human Drama et fait aussitôt danser le public. Sa voix est samplée et trans-formée, cependant, malgré toutes ces métamorphoses sonores,  elle reste parée d’une émotion vibrante. Des vidéos projetées sur l’écran géant, la présente grimée, métamorphosée tout comme sa voix.

 

On ne reste pas insensible aux morceaux Going Wrong ou encore Steps qui m’a littéralement fait frissonner. Pour ma part, le set m’a redonné envie de réécouter son album que j’ai trop vite écarté. Mais Planningtorock sait aussi faire danser comme avec « Let’s talk about gender baby » qui est un véritable hymne à l’abolition des genres mais surtout à l’oubli des barrières entre les êtres, à l’amour sans préjugé…

Je vous invite donc à découvrir cette artiste certes complexe mais ô combien atypique et proche de l’univers d’Anthony Hergarty.

Son dernier album « All Love’s Legal » est disponible depuis décembre 2013.

www.planningtorockofficial.com/

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