Pomme C Pomme V // Sly and the family Soul.

Un jour de 1998, comme beaucoup de mes camarades amoureux de Poum tchak, je suis tombée sur une mixtape qui a fait frétiller mes écoutilles et qui laissait présager un renouveau du hip hop français, option groove extrême avec le sourire. Un an plus tard à peine, on se prenait les tsunami « Angela » et « Raz de marée » dans la tronche, et sincèrement ça faisait un de ces bien !! Saïan Supa Crew avec leur 1er album « KLR » a été la plus grosse claque musicale que je me sois prise par un groupe français ces 10 dernières années. Une qualité de hip hop rarement voire jamais atteinte selon moi en France (non non ne me ressortez pas NTM, ouech laisse pas traîner ton fils). Des textes qui sortaient de la grisaille à base de pop pop pop, un excellent travail de voix, un univers musical d’un niveau 5 étoiles servi par une prod et une énergie groovistiques hors pair. 6 jeunes mecs électriques, débordant de talent qui me donnaient l’impression de démarrer une quête musicale qui allait nous scotcher. Je m’en frottais déjà les mains : j’avais une de ces faim, je te raconte pas !

Quelques années plus tard je retrouve mes amis dans différentes aventures musicales, dont Sly Johnson, alias « Sly the Mic Buddha », avec Camille, une autre bonne claque musicale que je me suis prise avec son album « Le Fil », puis avec Erik Truffaz. Mon sentiment de départ sur le garçon semble se confirmer. Il est en quête. Il est là où on ne l’attend pas vraiment. Lui le disciple de Rahzel, prête ses talents de boîte à rythmes humaine pour une chanteuse tout aussi talentueuse, utilisant elle aussi sa bouche et son corps comme instruments, et pour un univers Jazz électro nouvelle vague en mode trompette – beatbox – voix. Je suis RAVIE donc!

Alors évidemment quand on me dit qu’un album solo de Sly Johnson va sortir, ouaaaahhhh, impatience, frétillement, excitation, enthousiasme ! Tout y passe. Je me demande alors : mais qu’est-ce qu’il va nous sortir cette fois de son chapeau magique?? Va-t-il s’essayer à l’opéra revisité en mode hip hop new style? Va-t-il nous faire 158 pistes dans pro tools rien qu’avec sa bouche ?? Hmmm… Bref. J’étais vraiment ultra curieuse de découvrir la nouvelle quête de mister Sly.





Et puis j’ai écouté ……. …….. ………. Mais que s’est-il passé?

Je t’explique. On me sert un album ultra léché, de Soul R’nB tendance Afro-Américaine aux arrangements impeccables et musiciens géniaux, le tout extrêmement bien produit. Rien à redire. C’est du travail de pro. Excellent. Nickel. Sauf que voilà, c’est quoi cette quête de sophistication et de perfection là ? C’est quoi ce délire de copie conforme ambiance « je me fais plaisir rien qu’en produisant du son qui déchire qu’on a déjà entendu 56.000 fois, avec des musiciens qui défoncent et le tout servi en anglais »? Alors oui Sly s’est fait plaisir, à n’en pas douter. Ca doit être le pied de travailler dans de bonnes conditions, produire le son qui nous a fait vibrer enfant, avec des musiciens parmi les meilleurs. Est-ce que pour autant on doit en oublier la création? La quête?

Devrais-je dire la qué-quête ?  Au jeu de celui qui a la plus grosse, les stars du hip hop et de la soul n’en sont pas à leur début. Kif de la mise en place ultime et du « gros son », la fraîcheur et la créativité sont souvent reléguées au second plan, mais qu’est ce qu’ils nous soulent! Alors oui, pour moi Sly Johnson est entré dans le jeu de « celui qui a la plus grosse » et a délaissé l’enfant et la fraicheur qui étaient en lui…. Du moins temporairement je l’espère. Il s’est fait plaisir en faisant « du gros son » avec des super « mises en place » et en se laissant aller aux joies du chanteur Soul. Sauf que l’exercice de style est resté au stade de l’exercice.

Je ne suis évidemment pas dans sa tête pour savoir exactement ce qui a motivé cet album, cette couleur, ces choix, ce son. Mais ce que j’entends c’est, au choix,  #1 : le mec un peu paresseux qui veut se faire plaisir, en tout simplicité #2 : le mec talentueux qui doute et qui a choisi l’option « sécuritaire », mais sécuritaire en mode Soul/Funk avec des textes en anglais, en France mmmmmm c’est douteux. Alors quoi? Il vise un marché international? Donc option #3 : le mec ambitieux qui vise une carrière hors de France mais a besoin d’une « preuve ». Cet album serait alors une sorte de prise d’otage du public. Ok c’est super méga tiré par les cheveux, mais honnêtement, c’est plausible non?

Non sincèrement, je ne comprends pas. Et je suis déçue. Moi qui attendais un Outkast ou Cee-Lo à la française. Eux qui avaient réussi à dépasser les limites et repousser les frontières de la Soul et du Hip hop de grand frère… Décidément les français et leur complexe vis à vis des américains en matière de black music m’étonnera toujours. Alors quoi? Vous abandonnez la quête ? Les barrières de la langue et de l’héritage culturel vous donnent un complexe d’infériorité?

Ou alors il faut croire que tels les groupes les plus successful, une fois séparés, les membres ne retrouvent pas individuellement le « truc » qui fonctionnait si bien à plusieurs.

Je voudrais me prendre plus régulièrement des claques de fraîcheur qui te challengent la créativité (speciale dédicace à MrOlivier, celle là elle est pour toi), des claques qu’on veut tellement se prendre parce qu’on veut pouvoir les donner quand on crée soi même. Alors oui c’est sûr, on a toujours le risque de déplaire ou de se planter dans la quête et de proposer des trucs moyens. Mais qui n’essaie jamais est un vrai boulet. Etonnez nous un peu mesdames et messieurs talentueux du hip hop français! Prenez des risques un peu! Sly Johnson : là je passe mon tour, mais j’attends ton prochain opus 🙂

… Et du coup j’en profite pour saluer Oxmo Puccino

http://www.myspace.com/slyjohnson

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