Interview // The Procussions

Interview // The Procussions

The Procussions, le Reboot.

En pleine tournée européenne, les Procussions, J. Medeiros et Stro Elliot, m’ont reçu à Strasbourg dans les loges de la Laiterie, pour une discussion à bâtons rompus à propos de leur retour en tant que groupe.

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Vous étiez à Paris hier. Comment s’est passé le concert ?

Stro : Ça s’est très bien passé ! Surtout que ça fait un bail qu’on a pas joué à Paris. C’était génial de voir des anciens et des nouveaux fans ainsi que des gens qui n’avaient jamais entendu parler de nous avant.

 

Et comment a réagi le public à vos nouvelles chansons ?

Stro : Jusqu’ici tout va bien.

J : Jusqu’à présent ils ont l’air d’avoir vraiment aimé. Notre set est principalement constitué de nouveaux morceaux donc le fait de voir le public réagir avec autant d’énergie, pour quelque chose qu’ils n’ont jamais entendu avant, est bon signe pour nous.

 

Est ce que le public américain et européen réagit différemment ?

Stro : On ne le sait pas encore car c’est  notre première tournée depuis qu’on a recommencé à faire de la musique ensemble. Mais en général, en Europe, les gens sont plus réceptifs. Ils écoutent surtout la musique, évidemment ils ne peuvent pas connaître toutes les paroles mais ils se laissent porter par l’énergie, la mélodie, le mouvement, etc.

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Pourquoi avez-vous choisi de commencer à tourner en Europe ?

J : Hé bien c’est l’Europe qui nous a demandé de venir donc on a évidement répondu présent. (rires)
On a de bonnes relations avec la France. On vient depuis 2003 et on se sent un peu comme à la maison ici. Ça fait à peu près dix fois qu’on vient en France et c’est vraiment un bon endroit pour nous.

 

Vous devez donc avoir des amis ici, comme Hocus Pocus par exemple ?

J : Oui on les a rencontré en 2003. On étaient entrain de se lancer ; eux aussi. Et depuis on a évolué et développé notre amitié et collaboration musicale.

 

J’ai entendu dire que vous aviez une batterie sur scène. Est ce que c’est important pour vous d’avoir un coté acoustique ?

Stro : Je pense que ça fait juste parti de ce qu’on fait et que les gens s’attendent parfois à voir des percussions sur scène quand ils voient notre nom. Mais ce n’est pas seulement pour ça. On a toujours essayé d’incorporer quelque chose de différent à notre musique. Pour un groupe de Hip Hop on est essentiellement des MC avec un DJ. Mais on trouvait important de faire quelque chose de différent, donc la batterie apporte un plus sans prendre le dessus sur le reste du concert. C’est un peu notre manière de faire depuis le début…

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Tout le stock de vinyles de votre dernier album s’est vendu après seulement deux dates ! C’est fou non ? Qu’est ce que vous en pensez ?

J : Ce n’est pas évident pour nous de jauger si les gens sont intéressés ou pas par le vinyle. Il y a eu un moment où ça ne se vendaient pas trop alors que les cds oui. Les gens sont passés du vinyle au cd, à rien du tout, puis de nouveau au vinyle. Et, je pense, que ça diffère aussi selon les marchés. Il y a des endroits aux states où tu n’en vends pas, des pays où tu en vends peu, mais je pense qu’en France et en Suisse, les gens étaient vraiment intéressés par le fait d’avoir quelque chose entre les mains. Et on apprécie ça car j’ai grandi en écoutant de la musique, en ayant quelque chose à quoi se rattacher, que je pouvais regarder, tenir et me souvenir. Comme un livre par exemple. J’ai toujours pensé que c’est ce que les gens veulent donc c’est bon pour nous de voir qu’ils veulent un support physique des Procussions et pas seulement un mp3 ou une enregistrement de mauvaise qualité.

 

J’ai écouté votre Ep et j’ai eu le sentiment que chaque morceau à un style différent. Hip Hop + Rock, Hip Hop + Pop, Hip Hop + des sons bizarres. Comment avez vous travaillé cette fois ci ?

Stro : C’est une évolution de notre ancienne formule. C’était un peu la même chose avec les autres albums de The Procussions mais pas de façon aussi aboutie que cette fois. Pendant nos 6 ans de hiatus nous avons continué de travailler ensemble sur les projets solos de J. et sur d’autres choses. J’ai continué de produire, il a continué de composer. On espère donc s’être amélioré sur tous les aspects de notre job. Quand vous écoutez l’EP, comme tu l’as dit, tu peux entendre une chanson qui fait rock, une autre qui fait jazz, etc. Ça a toujours été comme ça mais je pense que c’est juste devenu meilleur. Le morceau avec du rock est beaucoup mieux que ce qu’on faisait il y a 6/7 ans.

J : Je pense qu’on est juste plus au point sur cet album et qu’on a un peu plus d’expérience pour exprimer ce qu’on veut. Donc nous savons comment faire pour aller dans une certaine direction si besoin.

 

Est ce que le fait que l’album ait été financé via crowdfunding (financement participatif sur indiegogo) a changé votre approche dans la conception de celui-ci ?

J : Ça a changé notre planning. On a jamais enregistré d’album avec un tel timing. On a dû, en partant de rien, écrire, enregistrer, produire, s’occuper du design, de la fabrication, de tout mettre en place, en seulement 3 mois ! On adore l’album mais c’est peut être encore un peu trop tôt pour savoir comment il se situe dans notre histoire. Mais je pense que ces 3 mois ont apporté quelque chose à l’enregistrement. On peut dire que c’est plus agressif. On avait pas le temps de trop réfléchir. On prenait les idées comme elles venaient et si elles sonnaient bien, on les intégrait. Je pense que cela donne un nouveau style à notre production. Nous devrions peut être nous mettre dans à chaque fois dans la difficulté.

 

Allez vous avoir des featuring sur l’album ?

J : On en a ! On a 20syl (producteur, chanteur d’Hocus Pocus et DJ dans C2C) qui vient en tant que MC et pas producteur cette fois ci, ce qui est super cool, car c’est un morceau assez unique sur lequel je ne pense pas que les gens le verrai rapper. C’est vraiment bon ! On a les talentueux ¡Mayday! des states. Ils ont leur propre style et sont signés sur le gros label indépendant américain Strange Music. On travaille aussi avec Blame One, qui est un MC pratiquant depuis plusieurs années dans le style old school. On a aussi développé une relation musicale avec avec le canadien Shad. Il y en a pas mal oui !

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Est ce que vous avez un but avec cet album ? Un message à transmettre ?

Stro : Rien de particulier je pense. Après avoir enregistré, on a su que ça allait être l’album qui réinstaurera The Procussions et dit : “Ok, on refait de la musique en tant que groupe et voilà ce qu’est notre formule. Ce qu’est The Procussions”. J continuait de faire de la musique et de s’exprimer de son coté mais il nous restait encore un vide que seul le groupe pouvait correctement combler. Je pense que c’est ça la justification de cet album et ça ne veut pas forcement dire que le prochain sonnera comme ça…

J : Je pense que si l’on devait dire quelque chose ça serait : “On est de retour !”. Nouveau groupe, nouvel album, nouvelle ère. Tellement de temps s’est passé depuis qu’on a débuté. Ça fait quelque chose comme 12/13 ans maintenant. Faire de la musique aujourd’hui c’est un peu comme tout recommencer, c’est donc au fond un premier album pour nous.

 

L’album sort bientôt, vous avez une date précise ?

(Rires)
J : non, pas encore, on travaille dessus.

 

Depuis cette interview l’album a été envoyé aux gens qui les ont soutenu sur indiegogo. Mais l’album est prévu pour le grand public cet été.

 

Donc quel est votre état d’esprit en ce moment ?

J : Je suis excité, surtout dans l’idée de donner des concerts. On pense aux concerts, aux fans, à la scène, à la presse seulement plus tard. Quand on compose c’est juste la musique qui compte, on ne pense à rien d’autre. Après en avoir fini on était là à se demander “Et maintenant ? Qu’est ce que les gens vont en penser ? Est-ce qu’on a bien fait les choses ?” On pense à ça que plus tard. Donc pouvoir faire ces concerts et voir les retours du public, à propos d’une musique qui nous est venue naturellement, est très encourageant. Et on a la sensation que de s’être écouté a été le bon choix.

 

Avez vous un titre pour l’album ?

J : C’est un album éponyme. On voulait être sûr que The Procussions soit le premier album des nouveaux Procussions.

 

Quelles sont les références musicales au sein du groupe ?

J : C’est marrant car quand je j’écoute l’album, il y a une période musicale qui ressort un peu. Mais c’est plus ancien que ce que j’aurai pensé, c’est presque “Beastie boys-ien”, “Run-DMC-ien”. C’est un style old school mais avec un traité moderne. J’ai presque l’impression de revenir au temps où j’ai entendu du hip hop pour la première fois, quand j’avais 8/9 ans. Et je parle du milieu des années 80 là. C’est bizarre mais c’est un peu comme si on revenait à nos premiers amours. En fait, on a créé un nouveau groupe à partir de nos premiers amours. Donc c’est vraiment un premier album pour nous je pense !

 

Justement, quel est votre premier souvenir rattaché au Hip Hop ?

Stro : Pfiou…

J : heuuuuu, King of Rock. (Run-DMC)

Stro : Le mien doit probablement être le groupe The Fat Boys. Je les ai entendu sur une mixtape que ma mère a mis pendant un barbecue.

(Rires)

 

Et qu’est ce que vous écoutez en ce moment ?

Stro : Tout !
(Rires)

J : Les balances (qu’on entendait depuis les loges)
(Rires)

Dernièrement j’ai écouté un gars nommé Elzhi. Il a reprit à sa façon tout l’album Illmatic (le premier album de NAS) en le renommant Elmatic. Ce qui est considéré par certain comme un sacrilège. Mais je trouve qu’il s’en est super bien sorti. Ça m’a étonné donc j’ai passé pas mal de temps avec cet album.

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Heu…

J’écoute pas mal de vieux sons mec !

Stro  : Oui de ça aussi. J’écoute pas mal de style différent de rock. Je suis vraiment dans ce qui se fait en ce moment dans le rock. Les Foo Fighters, Cloud Nothings. Plein de choses de ce genre mais aussi des trucs plus pop. Kimbra par exemple, qui a bossé avec Gotye. Son album est vraiment bien d’ailleurs.

 

Êtes-vous concentré sur l’album ou avez vous des projets parallèles  ?

J : On a quelques projets parallèles. The Procussions a maintenant toute notre attention et on le mets en avant, mais on a toujours de l’énergie en rab et on se doit de faire quelque chose avec pour ne pas la gâcher. C’est pour cela qu’on garde des projets à coté.

 

Comment avez vous travaillé pour le définir le packaging ?

J : On travaille avec un ami d’enfance. Quelqu’un avec qui on a grandi et en qui on a confiance. Je le connais depuis 20 ans et je n’ai pas besoin de lui dire grand chose, juste qu’on a besoin d’un artwork. Il écoute la musique, nous propose quelque chose et généralement on est ok ! C’est aussi simple que ça. En fait il fait tout à la main car il n’a jamais vraiment su comment se servir des logiciels. Donc on a un autre ami d’enfance qui scanne son boulot et fait les ajustements numériques nécessaires. C’est vraiment cool !

 

Donc vous bossez entre potes ?

J & Stro : Oui !
J : Mais on ne procédait pas forcément comme ça avant. On a quelque fois travaillé avec des gens de l’extérieur. C’était ok mais c’est pas pareil tu sais…

 

Merci d’avoir répondu à mes questions. Avant de nous quitter, avez vous quelque chose à dire à votre public français ?

J : Attendez l’album pour cet été ! Vous en entendrez certainement parler car on travaille avec un label français. C’est génial d’avoir un coup de main ici car c’est vraiment difficile de le faire depuis les États-Unis.

Merci !

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