Dizzee Rascal, prodige du East London


L’article doit être élogieux compte-tenu du niveau dicté par Dizzee Rascal depuis le début des années 2000. Le MC a 18 ans et balance un premier opus « Boy in da corner » (2003). Comprennez l’album d’un jeune gars des sales quartiers de l’est londonien. Ce « Eski-boy » est un des fers de lance des débuts du collectif « Roll Deep » avec le MC Wiley (plus vieux que Dizzee et vu comme celui qui l’a initié). Ces deux kickers hors normes sont à la base d’un nouveau courant musical appelé « grime » (dégeulasse/graisseux) dans un Londres où les labels Boy Better Know (Skepta & JME), le Roll Deep Crew, le So Solid Crew, Antipo Consortium avec le titre « Gostlawns » ont réussi par les radios pirates de l’époque à constituer et populariser cette nébuleuse de nouveaux MC (voir aussi Kano, Tinchy Stryder, Sway, Lethal Bizzle, The Mitchell Brothers…).
Mais là, dès le premier jet solo du Rascal, on comprend que la rondelle a de quoi être récompensée par le Mercury Prize et asseoir Dizzee comme le symbole du grime. La presse définit l’album comme le croisement du hip hop, du UK garage et d’influences carribéennes. Le personnage intéresse vu sa jeunesse. Le flow résolument hip hop aux influences ragga frise les 130 bpm. La musique fondée sur le 2-step, dérivée du UK garage et de la drum’bass est déstructurée, remodelée annonçant déjà les courants dubstep qui font fureur aujourd’hui Outre Manche (A écouter Flying Lotus, Burial pour se faire une idée).
Dizzee Rascal n’est alors que « Just a Rascal »

[audio:http://freenull.net/~soundnation/d/dizzee/10_jus_a_rascal.mp3]

Le MC avec le titre – « Fix Up Look Sharp » – tape dans l’oeil du duo de New York, Ratatat. Leur remix va aussi contribuer à faire émerger Dizzee Rascal sur la scène internationale avec cette nouvelle caution.

[audio:http://freenull.net/~soundnation/d/dizzee/07%20Fix%20Up%20(Ratatat%20Remix).mp3]

19 ans, second opus un an après – Showtime (2004) – et c’est la même conclusion. Dizzee Rascal a un temps d’avance. L’album reste dur (« rough ») et mieux vaut se cramponner pour bien suivre avec des titres comme « Respect Me » ou « Hype Talk ». Quelques tracks comme « Girl » ou « Get By » témoignent aussi d’un registre plus complet et du boulot sur les prods plus abouti sur cet album toujours chez XL. Le Eski-Boy asseoit un peu plus l’image du grime comme le hip hop des suburbs anglais et témoigne d’un niveau technique impressionnant tout au long de la rondelle.

[audio:http://freenull.net/~soundnation/d/dizzee/14%20Flyin’.mp3]

Maths + English (2007), 3e album, est à l’époque très attendu, le MC ayant habitué à sortir un album à l’année. Celui-ci est aussi une réponse à l’ensemble des sorties grime qui ont eu lieues pendant les quasi trois années d’abscence de Dizzee.  Et en particulier à Wiley dont l’opus « Tredding on Tha Ice »(2004), sorti la même année que Showtime et sur le même label XL Recording, sans avoir le même succès commercial, a contribué autant à populariser le courant sur lequel surfe Dizzee. Les Kano avec « Home Sweet Home », le Roll Deep avec « In a deep end » ou encore les Mitchell Brothers (titre sur l’album « The Hardest Way of Easy Linving » de The Streets) ont aussi elévé le style. C’est donc dans cette ambiance et à l’apogée grime qu’est 2007 que Maths + English sort et on est à nouveau pas déçu du voyage. 14 titres clairement égotrip. Dizzee est trop fort et sait rapper sur tout. Wiley sort la même année avec l’album « Playtime is Over » (on retrouve un titre dédié à Dizzee dans l’album) et se concentre à livrer un opus pur « grime » (il a déclaré que cet album était son dernier solo et que la scène grime avait eu sa chance). A l’inverse, les titres « Flex », « Pussyole » (Old Skool) et « Sirens » sortis en EP témoignent tous de l’ouverture du registre de Dizzee. Le grime ne lui suffit plus.

[audio:http://freenull.net/~soundnation/d/dizzee/09%20Bubbles.mp3]

Dizzee revient donc aujourd’hui avec un quatrième album, fraichement dans les bacs, Tongue N’Cheek (2009) réalisé par son label Dirtee Stanks mais plus bossé par Beggars (XL, 4AD, Rough Trade, Matador) mais par Universal. Un an avant la sortie, quelques indices laissent présager que l’album s’appuie sur des producteurs de renom avec le premier titre « Dance with Me » (collaborations avec Calvin Harris et Chromeo). Celui-ci est hyper puissant et prouve une nouvelle fois que Dizzee est au-dessus. Histoire d’en rajouter une couche, le titre & clip « Bonkers » (ft. Armand Van Helden) sort 6 mois avant l’album et retourne chaque dancefloor où il est passe. Le côté dancefloor est justement une des accents majeurs de l’évolution de la musique de Dizzee Rascal. « Holiday », single tout frais sorti reflète parfaitement ce côté eurodance assumé.

[audio:http://freenull.net/~soundnation/d/dizzee/Dizzee%20Rascal%20-%20Holiday%20(Feat.%20Chrome)%20.mp3]

Dizzee contibrue une nouvelle fois à faire qu’un titre des « Master Boy » ou un « Like to Move It » (voir les derniers sons des Mancuniens de « Virus Syndicate »), sons dance complètement cheaps des années 90’s, soit le nouveau terain de jeu des MC anglais. Bien que l’évolution soit de mise sur ces 4 albums, le MC a su garder un niveau d’exigence elevé qui font de chacun de ces opus des références. Respect !

Le site : http://www.dizzeerascal.co.uk/

5 commentaires
  1. Jean says:

     » Just a Rascal », découvert dans les OST de Skins ;).
    J’avais pas poussé le vice jusqu’à écouter le reste, ce fut une erreur je crois 🙂

  2. Clément says:

    Super article !
    Et c’est clair Dizzee Rascal, c’est une ou la meilleure surprise du genre de ces dernières années.

    Par contre je crois que PhilDub a raison, il me semble que c’est le terrible Calvin Harris qui a produit tous les tracks un peu dancefloor de l’album (comme il le fait pour beaucoup d’ailleurs…)

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