C’est pourtant Clair – Concert de JP Nataf au Grand Mix de Tourcoing


Quand je dois parler du dernier album de JP Nataf « Clair » à des amis, je n’y arrive strictement pas. Impossible. Comment résumer la musique en paroles sans chanter soi-même. Et je suis piètre Song-singer alors je fredonne des mots comme « exceptionnel », « colossal » ou « poreux » pour faire éponge ou boule de neige vers l’acquisition du disque qui s’imposera de lui-même. Pour finir de convaincre j’explique que cette année aux Victoires de la Musique on a déjà eu Biolay donc on ne pouvait pas tout avoir. Mais qu’un ex-æquo ça aurait pu s’envisager. Qu’il n’y aurait pas eu taches sur la photo des 2 meilleurs disques de 2009 dit « de qualité française » (mais ce qui reste réducteur au vu de la richesse de leurs musiques).


C’est donc un résultat mathématique évident qui fait que je fais groupe à son concert. Toutes mes connaissances poreuses m’accompagnent. Ils veulent voir ce que ça donne sur scène. Moi le premier. Comme la nature est bien faite, la porosité, s’installe aussitôt entre lui et le public. Au fur et à mesure de ses titres nous sommes tous « porheureux ».  Excellent guitariste Jean-Philippe Nataf et ses musiciens, enchainent les chansons toutes plus sublimes les unes que les autres. C’est de l’art pop. Je bois du petit lait. Jusqu’à l’arrivé d’un intrus. Lui il ne fait pas partie de la belle petite famille qui s’est crée. C’est un gêneur qui s’est trompé de salle. Au Grand Mix de Tourcoing il n’y a que des gens biens sauf un et il me colle. Rond comme un coing, il est tellement ivre que lorsqu’il souffle j’attrape une cirrhose et quand il parle : une otite. Il ne va pas me gâcher l’interprétation d’un « Jour Sans Erreurs ». Je fais abstraction car ma porosité à des limites, je suis « Seul Alone » avec Nataf. D’ailleurs comme par magie, je suis certain que mes coéquipiers de fosse s’imaginent dans la même situation que moi. C’est beau cette alchimie mi-individuelle, mi-collective. Le temps passe toujours trop vite dans un bon concert. Celui là ne démentira pas cette impression. L’alcoolique anonyme explique à sa copine qu’il n’est pas très porté sur la « world music » et « voudrait un succès ». Allez lui dire que Nataf en solo c’est Nataf sans frontières, c’est Nataf qui expose son monde et ni une, ni deux, il va s’imaginer avoir raison sur le terme de « World Music ». Son amie elle se plaint de comprendre 1 mot sur 2 quand il chante à cause de la batterie. C’est pourtant charmant de se faire comprendre à demi-mot. Le Mahler des uns faisant le bonheur des autres : ils quittent la salle. Que l’on aille dire au fossoyeur qu’ils s’en vont voir ailleurs et que c’est donc maintenant un régal sans erreurs. Je n’ai pas le temps de leur développer l’idée que :  JP Nataf  est un style. Tout ce qu’il dévoile par ses textes forts de sens, il le camouffle en quelque sorte derrière son interprétation, sa voix et la musicalité de ses mots. Tout en pudeur, en délicatesse. Il dit le dur enrobé de douceur, un vrai sensible qui finalement ne cache rien, et l’assume. A coup de guitares amies, de guitares amours, on en arrive aux rappels. N’est pas Nataf qui veut.  Aubert à sa place aurait parsemé son set, dans un mauvais 36-15 nostalgique, avec du vieux Téléphone. Là pas question. La classe et l’humilité en bandoulière derrière ses lunettes noires et sa tronche de barde, c’est en toute fin, dans un paroxysme de joie qu’il conclue son concert par « Un Monde Parfait » de manière innocente. Nous sommes tous capable de le croire. Au moins ce soir là.


Prochains concerts de JP Nataf :

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