Bilal – A love Surreal

Bilal – A love Surreal

Bilal

Bilal est d’ordinaire plus qu’excellent. Dès son premier opus, 1st Born Second (2001) la planète nu soul savait qu’elle tenait un nouvel allier de poids. Un deuxième album Airtight’s Revenge en 2010, une foultitude de collaborations de prestige (Jay-Z, Guru, Beyoncé, Common…) plus tard, le chanteur est donc de retour avec un nouveau cru, A Love Surreal. Certes, la musicalité est toujours aussi sophistiquée mais, et certains s’en plaindront, elle bien plus portée sur l’ambition séductrice que par le groove !

Il y a sans conteste plusieurs Bilal. Le premier s’emploie à servir sa voix (l’une des plus belles de la nu soul) sur des beats hip-hop/soul d’une efficacité renversante. Ce fut le cas notamment sur l’excellentissime, bien qu’un peu formaté, 1st Born Second, alors parsemé de productions signées par Dr Dre, Questlove ou Raphaël Saadiq. Ça, disons que c’était Bilal le tumultueux. C’était l’époque des truculents Fast Lane et For You ou du délicieux Soul Sista. Et puis, il y a un Bilal plus difficile à cerner (et même parfois à apprécier), tant il aime s’aventurer dans des maillages sonores qui, malgré toute une part de génie créatif, lui vont moins bien. Ce n’est pas la peine d’essayer de comprendre pourquoi. Disons que c’est comme ça. Il suffit de réécouter Airtight’s Revenge. Bien qu’ayant trouvé son public, l’album soul était desservi par des influences rock trop marquées et des arrangements sans doute inutilement trop complexes. Enfin, il y a le Bilal un peu « guimauve » de A Love Surreal, perdu à mi-chemin entre plusieurs nids au milieu desquels il parviendrait difficilement à convaincre de la sincérité de toutes ses parades amoureuses.

Après une intro-tapis-sonore un peu indisciplinée, l’album commence par le titre West Side Girl. Un morceau timide sur lequel Bilal semble pourtant vouloir parfois imiter Prince. Bien que légèrement entraînant, il manque sans doute une batterie un peu plus appuyée, qui aurait donné à ce son le mérite de pouvoir se rattraper en live. Heureusement, le Back To Love qui suit est d’emblée bien plus rassurant. Le beat est superbement frappé et l’enveloppe jazzy permet au chanteur de donner de la voix, dans les différentes tonalités qu’il affectionne, mais toujours dans la justesse. Dans le même registre jazzy-soul, le titre Winning Hand, bien porté par une basse émérite, est peut-être le plus cohérent de l’album. La guitare électrique, tellement elle est fine et discrète ne vient pas parasiter l’écoute. La batterie laisse finalement place, en toute fin de morceau, à des percussions et à un piano très joliment exécutés. Mais le hic, c’est que l’écoute du disque pourrait s’arrêter là. Le reste de l’opus est dans une même veine, certes propice à la détente et à la séduction, mais aussi tellement propice à l’endormissement. Le malheureusment bien nommé Slipping Away ou encore Lost For Now en sont les parfaits exemples. Bilal s’est sans doute un peu trop immergé et embourbé dans l’univers de son ami pianiste de jazz Robert Glasper, que l’on retrouve d’ailleurs sur le titre Butterfly. Un peu ça va. Or, la quasi-totalité d’un album sur ces tempos langoureux et/ou même parfois clairement chiants, ça ne rend pas justice à l’immense talent de Bilal Oliver. Dommage !

Un album plus qu’en demi-teinte donc, et qui devrait avoir du mal à trouver son public. Mais, ce n’est pas parce qu’un album n’est, pour une fois, pas à la hauteur de nos espérances (Bilal avait mis lui-même la barre tellement haute) qu’il ne mérite pas d’être décrit. Surtout, c’est le moyen de mieux se préparer à la prochaine galette, on l’espère un peu plus groovy, que Bilal devrait savamment vous concocter.

One comment

  1. Roundnoon says:

    J’ai quant à moi trouvé l’album aventureux et émouvant, une très belle galette qui mérite au moins 4 étoiles. Je conseille à l’auteur de la critique de lui redonner une chance, on sait jamais 😉

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