LIVE REPORT // FNAC Indétendances / Tricky, Uffie, Boogers, 0800

Allez, cette fois, on est deux, alors double Live Report feat.  Gorgonzola Fitzgerald & Moland Fengkov. Photos par Moland Fengkov.

Gorgonzola Fitzgerald : « Arrivé après dépose Velib’ par la rue du Renard, à 18h pile, au loin on discerne la voix d’Olivier Bas présenter la soirée… De loin, il y a foule : la place de l’Hôtel de Ville paraît être pleine à craquer, malgré les  nuages qui menacent. Je retrouve là-bas Moland Fengkov qui va shooté et co-commenter cette soirée avec moi. Le temps de traverser la rue de Rivoli et le programmateur du festival parisien lance « Et maintenant, 0800 ! » (prononcez : zéro huit cent). »
Moland Fengkov : «  Malgré une météo incertaine, nous n’avons pas eu à dénicher un trèfle à quatre feuilles ou un fer à cheval pour conjurer le sort. La soirée bretonne ayant déjà eu lieu, la pluie ne pouvait pas venir gâcher cette septième série de concerts programmés dans le cadre du festival Fnac Indétendances. Un vendredi 13 idéal, même, pour découvrir en exclu, avant la sortie de son nouvel album à la rentrée, les nouveaux titres de Tricky. »

0800 :
Gorgonzola Fitzgerald : « L’endroit n’est pas si surchargé que ça finalement : de nombreux ilots de personnes assises. On pique-nique, on boit, on papote. L’ambiance est là, il y a quand même du monde pour écouter le rap bon-enfant et chaste des bordelais. Sympathique, mais sans génie, le premier morceau pose l’ambiance : longuet, pas inintéressant, mais sans relief. Une batterie drum and bass qui manque un peu de cul, de bas, de gros son, face à un duo basse guitare plutôt heavy, mais sans forcer non plus. Flows des MC corrects sur un fond instrumental sans aspérité, mais non dénué d’idées, sur des paroles qui ne feront pas forcément date, mais laissent entrevoir des moments de subtilités qu’on aime (« En temps de crise, sors tes doigts de ton cul et mets-les dans la prise »). Le ciel s’obscurcit. On attend, crispé, la pluie. »
Moland Fengkov : « Loi des chiffres : 7e soirée de la septième édition du festival, un vendredi 13, ouverte avec un groupeau nom composé de 4 chiffres qui sonnent comme un numéro d’assistance. 0800, c’est rien de nouveau, mais que du neuf. Estampillés rap, ces Bordelais ne se contentent pas de balancer des lyrics en arpentant la scène. Si leur style vocal rappelle immanquablement celui du duo Kool Shen / Joey Starr, 0800 s’affirme indéniablement comme un groupe de scène, qui délivre en live une énergie davantage puisée dans les tripes du rock que dans celles du hip-hop. Enormes lignes de basse, acérée, méthodique, solide, puissante, riffs de guitare furieuse et groovy à la fois, tout tient dans l’assise rythmique des compos, réelle intérêt de cette découverte qui mérite encore un peu de maturité. »

BOOGERS :
Gorgonzola Fitzgerald : « La bonne suprise de la soirée arrive sapée comme un canari de gouttière : sweat jaune PTT et jean improbable. Sneakers noires à lacets rouge. Guitare Hagström cheap mais fidèle à la main (marque suédoise, fabrication chinoise, 500€ environ, mais effectivement : peu importe). Boogers, c’est le rêve du tourneur : un mec seul sur scène avec guitares et machines (pas de groupe un minimum de matos), mais qui réveille son monde par un show aussi drôle que maîtrisé. Il ressemble un peu à Jack Lewis. Un peu. Il saute dans tous les, sens, fait son show, déconne avec le public entre les morceaux. Le mec cool, en somme. Comme un Tender Forever mâle déglingué, teinté de Weezer ou de Rentals. Bricolo rigolo. Efficace, touchant et puissant du haut de son tout seul. Et le rayon de soleil qui revient sur scène, illuminant le clochard céleste. Logique. »
Moland Fengkov : « Comment envahir l’espace lorsqu’on officie seul sur scène ? Boogers nous apporte la réponse. Armé d’une guitare électrique et d’une batterie de machines (séquenceur, samplers…), mais surtout, d’un sens de l’humour pince-sans-rire d’une redoutable efficacité, ce séducteur débraillé et nonchalant sait ce que spectacle signifie. Au rayon musique, ça part un peu dans tous les sens, mais il assume ses influences : de la pop dansante au punk enragé, en passant par le blues éthéré. Indéfinissable, un tantinet désespéré, mais énergique à souhait. »


UFFIE :
Gorgonzola Fitzgerald : « Tout le monde l’attend au tournant, tout le monde trouve son album ‘cool, ouais’, mais sa réputation sur scène n’est pas sa meilleure carte de visite. On y va pour en avoir le coeur net. Je n’ai que survolé très rapidement l’album (i.e. entendu en soirée d’une oreille, à l’arrache, passé par un mec bourré bégayant difficilement ‘hé-hé-hé, m m m mec, é é écoute ça, ça ça dé déchire’), donc j’y vais plutôt l’esprit frais et l’oreille curieuse… Débarque la Miss dans un costume de Star Trek version paillettes bleutées ; les morceaux s’enchaînent et la bière se vide. Du gros beat, quelques moments de mid tempo à la noirceure bienvenue. Uffie, c’est un peu Peaches sans les poils, M.I.A en un peu pâle. Et en blonde. Mais c’est bien : attitude cool, bonne ambiance ‘j’me la raconte et je fais le show’. Mais bon : elle a le flow de Peaches, elle s’adresse au public de la même manière que Peaches, est fringuée comme Peaches, mais n’est pas Peaches qui veut et tout ça reste assez gentillet, tout en étant plutôt bon, au final. Bref : on se dit qu’on ira revoir Uffie et ses deux larons à la première occasion venue. Il fait finalement plutôt beau ce soir. »
Moland Fengkov : « Incroyable de constater l’enthousiasme du public face à l’électro pop kitchissime d’Uffie. Flanquée de 2 zozos tout droits sortis des clubs les plus ringards d’Ibiza, l’Américaine a beau de déhancher, descendre de la scène à la rencontre de la foule en délire, minauder près de ses musiciens, rien n’y fait. Le spectacle ne suscite que l’ennui digne d’une ambiance de kermesse. Les titres s’enchaînent, sans âme, sans rythme, sans surprise, la voix et le chant s’avèrent monotones, on cherche la petite touche d’originalité, de génie, qui viendrait corroborer les dithyrambes qui entourent la sortie de son album. Assurément, Uffie convainc davantage sur les platines que sur scène. Dommage. »

TRICKY :
Gorgonzola Fitzgerald : Le monster-truck de l’affiche. On le croise tout les jours dans Paris, on le kiffe depuis les années 90, mais on a un peu l’impression qu’il est à bout de souffle, surtout depuis ce show bof-bof d’ouverture du 104 il y a quelques temps. Mais bon, c’est Tricky quand même, merde : TRICKY. La Charlotte Gainsbourg du trip-hop commence sur quelques morceaux toutes nappes de synthés dehors. Ca délaye un peu trop le tout, d’autant plus que sa voix se perd sous celle de sa chanteuse. Tricky semble faire des backs dans son propre groupe. Oui, ça a toujours été le cas, mais quand c’est tout tendu qu’il se terre dans le mix, c’est génial. Là, sur ces premiers morceaux… Il n’est quasiment pas là. Mais les compos, l’ambiance, l’univers est là, se trame, se pose, s’impose. Le temps de chauffer… On rentre dans le jeu doucement… Jusqu’à Black Steel, où subitement on se rappelle ce que c’est. Là la bête se réveille, se tend. On enchaîne sur le classique proto-cabaret piano fin de règne et là, Tricky prend le devant de la scène, au moment où l’éclairage public se met en branle, au moment où la pluie commence à tomber, au moment où la nuit s’abat, sombre sur nos petites personnes. Et là on le voit, on l’entend. Enfin. Tricky est excellent quand il prend le devant de la scène, quand il déverse sa hargne défoncée et asthmatique. La pluie tombe, le public s’invite (est invité) sur scène. On se retrouve avec 50 danseurs ambiancés par un Tricky très loin de ses timides premières apparitions (dans le noir, dos à la scène), qui fait le tour de ses acolytes de quelques instants, fait bouger son monde, prend visiblement plaisir à être finalement tellement respecté, tellement écouté. Il est un peu comme à la maison et ça se sent… On finit malgré tout par inviter tout ce beau monde à redescendre sur terre hors de scène avant d’enchainer sur un avant dernier titre tout en (millenium) tension, qui précède une dernière salve d’une lourdeur salutaire. On n’est plus au niveau de génie d’un Angels With Dirty Faces, mais Tricky en a quand même encore pas mal sous le capot. On se dit qu’on attend finalement le prochain album avec impatience. La pluie a disparu, on prend un dernier verre dans le coin avant d’aller rejoindre Adrian Thaws et son groupe pour un petit moment cool dans un bar à quelques minutes à pieds (putain, ouais, on a bu un verre avec Tricky !).
Moland Fengkov : « Sans conteste LA tête d’affiche de ce festival, tous styles confondus. La dernière fois qu’on avait pu apprécier un concert de Tricky, c’était pour l’ouverture du 104. Il revient, un mois avant la sortie de son nouvel album, avec toute l’énergie qu’on lui connaît. Adrian Thaws aime Paris, et ça se voit. C’est avec une humble générosité qu’il a enflammé le parvis de l’Hôtel de Ville en invitant sur scène une partie du public, déchaînant le reste de la foule. Tricky, c’est avant tout un corps. Un corps qui par sa seule présence s’approprie la scène. Un corps qui entre en transe, ondulant au rythme de ses compos qui alternent entre rock gonflé aux testostérones, soul et hip-hop sombre, un corps en parfaite osmose avec sa chanteuse et ses musiciens. Si son set s’est avéré trop court, sans rappel, c’est pour mieux augurer la sortie d’un des albums indispensables de la rentrée. De ce concert, on sort frustré, mais repus. »

3 comments

  1. Tim says:

    Uffie c’était vraiment pourrave et je parle même de ses 2 zikos ( authentiques parodies de « isabelle à les yeux bleux » des inconnus) qui faisant semblant de faire de la zic mais bon on a tous compris qu’ils lançaient des boucles… Hey les gars, il suffit de mettre des Ray Ban pour être tendance… En plus Uffie était pas très sexy dans sa tenu à la ziggy stardust et profite des pauses entre les chansons pour se gaver de bières et fumer des clopes… non franchement pas sexy du tout…

    Par contre le Tricky il fait pas semblant d’être cool. Avec les kids sur scène et sa reprise de Motohead « Ace of Spades » il a bien relevé le niveau!

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