Cocoon – Where The Oceans End

Parait-il qu’il vaut mieux commencer un texte par une citation bien sentie. « I owe it all to you » (Je vous dois tout), c’est celle qu’avait choisi Cocoon afin de clore son premier album, façon pour Mark Daumail et Morgane Imbeaud de remercier par avance le groupe qui va les découvrir durant les trois ans qui suivront la sortie de My Friends All Died In A Plane Crash. Depuis, le succès critique comme publique ne s’est pas démentie et c’est peu dire que leur second album était attendu.

Pourtant, l’album n’est pas une surprise pour ceux qui ont suivi le duo durant leur tournée entre 2008 et 2009. Cocoon n’a eu de cesse de préciser qu’ils préparaient un nouvel album sur les « animaux marins ». Et de disséminer au sein de leurs spectacles des bijoux de sensibilité tels Sushi, Baby Seal ou Cathedral. Evidemment, ces titres ont fait mouche et on les retrouve avec joie au sein de Where The Oceans End. il va sans dire que pour l’hommage aux animaux marin avec Sushi, je reste quand même perplexe … d’ailleurs, pour ceux n’ayant pas eu la chance de voir Cocoon trois fois sur scène comme Bibi, le groupe a sorti un album live où on retrouve… Sushi et Baby Seal.

Depuis septembre, vous avez pu jeter une oreille sur le premier single de ce nouvel album, Comets. Dans la même veine que le premier album, le titre reste à la fois doux et touchant. Cocoon arrive pourtant à me donner le sourire avec un refrain plus enjoué qu’à l’accoutumée, là où les titres du premier album avaient parfois trop tendance à rester figés sur un style unique, parfois naïfs, parfois déprimant. Je suis également ravi de retrouver le mariage des voix de Mark et Morgane, toujours aussi juste et subtile. A coup sûr, un excellent choix de single.

Dès l’introduction de la galette dans la platine (ou, en ce qui nous concerne, du double clic sur le titre), on se retrouve en terrain connu. Sushi, puis Comets. Sushi, j’ai appris à le connaître au fil des concerts, si bien que je me surprends à chanter avec le groupe. Toujours aussi mélancolique, rien de bien surprenant si ce n’est l’ajout de cordes qui rendent le titre plus triste que vraiment niaiseux. Une indication sur la tonalité générale de l’album ? A voir …

Bon, Comets on a déjà vu ça ensemble, on passe donc à Dee Doo. Et là, sensation étrange, Morgane prend l’ascendant vocal. Je ne sais pas si c’est par manque d’habitude mais j’ai l’impression que ça ne passe pas. Un truc cloche. Le duo fonctionne infiniment mieux avec la voix de Mark au dessus. Musicalement, ça ne casse pas des briques, c’est enjoué sans être bien original.

Après Dee Doo, Yum Yum. Hum, mouais … non, non, je ne m’abaisserai pas à attaquer les noms des titres de Cocoon. Yum Yum donc donc. Alors alors. Probablement le titre le plus risqué de l’album. Très mélancolique, sans kazoo ni trompette, le duo nous amène (très) doucement mais sûrement vers un final de génie. Emouvant sans être grandiloquent. Du coup je regretterais presque la trop courte durée de la chanson.

Mother, pas très inventif, comme un Paper Boat au tempo plus rapide, plus rythmé. Un bon morceau toutefois, mais paradoxalement, loin d’être inoubliable malgré son refrain entêtant.

Le problème avec des titres comme Oh My God ou Super Powers, c’est qu’avec de tels noms, on en attend forcément beaucoup. Et si Super Powers arrive à se détacher grâce à sa légèreté , ce n’est malheureusement pas le cas pour Oh My God, trop poussif, sauvé de justesse pas une envolée de cordes en fin de morceau.

J’en arrive enfin à l’un de mes coups de coeurs de l’album. C’est fou comme après l’avoir entendu seulement quelquefois en concert, on peut se rappeler d’un morceau sans avoir perdu aucun souvenir. Tu vois, c’est un peu comme si tu revoyais ton premier amour 10 ans après l’avoir perdue de vue. Toujours aussi délicat, toujours aussi plaisant et même mieux que dans tes souvenirs. Cathedral. Un sourire aux lèvres.

Avec I Will Be Gone, Cocoon me montre ce que j’aime. Loin de son image médiatique traditionnelle, le groupe joue une musique à la limite du tragique sur un texte qui ne l’est pas moins. Traite-moi de fillette, mais au moins je préfère toujours ça à Chupee.

Chupee, Dolphins. Et là j’ai peur. Bon, a priori, pas de licorne à l’horizon, ça peut donc pas s’annoncer si mal que ça. C’est assez incroyable comme le groupe arrive à jongler et à mixer ses différents styles. Un morceau avec un texte naif, une musique grave et un rythme rapide. Un morceau avec un texte triste, une musique enjouée mais lente. Là, le rythme est assez lent mais rythmé, et les voix restent graves mais le tout se fait plutôt rapidement oublier. On aura échapper aux arcs en ciel.

Je pense que c’est à cause de l’habitude de l’avoir entendue sur l’album live, mais Baby Seal ne m’émeut plus tant que ça. Un bon morceau sans le petit truc, le fameux petit truc. Celui qui distingue une fille qui te plait au premier coup d’oeil d’une fille dont tu tombes instantanément amoureux. Il manque ce truc là.

Des arpèges délicatement lancés, et l’unique voix de Morgane qui émerge, seule. Étrangement, cette fois ça passe mieux que dans Dee Doo. Mark arrive finalement pour les refrains, mais sans insister, doucement. Les voix sont peut être mieux placés, avec plus d’assurance, ou la musique est peut être plus adaptée à la tessiture de Morgane. Toujours est-il que In My Boat fonctionne.

Pour clore la galette en beauté, Cocoon, retrouve sa structure classique. guitare en arpège, Mark en lead vocal, Morgane pour le soutenir sur les refrains, le tout en douceur, comme si le morceau en lui même était un petit animal fragile. Yep, je sais, on parle d’un éléphant de mer, mais Sea Lion est un titre d’une étonnante délicatesse et sonne juste.

 

 

Les chansons de Where The Oceans End sont courtes, trop courtes. On en voudrait davantage, mais le challenge est risqué : c’est cette brièveté, cet aspect éphémère qui donne à l’album cette innocence. Attention, je ne parle pas de naïveté, les mélodies comme les textes sont plus dramatiques, plus mélancoliques que ceux de My Friends All Died In A Plane Crash. L’album est plus adulte, visera probablement un public plus restreint, mais un public de connaisseurs. L’album ne s’adresse pas qu’aux fans, il trouvera grâce aux yeux des amateurs de folk, sans l’ombre d’un doute. Le second album, l’album de la maturité ?

 

 

Oh non, ne me dite pas que j’ai osé conclure comme ça ?

 

 

Si ? Merde …

 

Tracklist :

  1. Sushi (3:22)
  2. Comets (2:56)
  3. Dee Doo (2:53)
  4. Yum Yum (2:42)
  5. Mother (3:11)
  6. Oh My God (3:33)
  7. Super Powers (2:40)
  8. Cathedral (2:36)
  9. I Will Be Gone (2:24)
  10. Dolphins (3:26)
  11. Baby Seal (3:36)
  12. In My Boat (3:03)
  13. Sea Lion (2:56)

L’album est disponible depuis hier chez votre discaire et en version digitale sur iTunes et Deezer. Mangez-en !

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Ancien tenancier de Cosystreet, Griffoooo se passionne pour la musique, celle capable de l'émouvoir et de le transporter. Cette même musique, qui a le pouvoir de surprendre ou qui sait réveiller chez vous une sensation enfouie depuis trop longtemps ... Il en dit plus sur son Blog et moins sur son Twitter.

7 comments

  1. Squier says:

    Je trouve ta critique très juste.
    Pour moi ce deuxième album est bien meilleur que le premier. Et même si certains trouvent, à juste titre, qu’ils font du « cocoon » et que c’est toujours la même chose, moi je finis par aimer ça, à chaque fois.

  2. TheLorraineT says:

    Je trouve ta critique très bien faîte, et plus j’avance dans la lecture plus je repasse les moments des chansons dont tu parles et j’apporte mon attention à ces détails.
    Je suis d’accord lorsque tu dis que la voix de Morgane seule ne passe pas sur Dee Doo mais qu’elle est meilleure sur In My Boat.
    Je trouve que cet album manque un peu de pêche néanmoins. Je regrette qu’il n’y ait pas plus de titres dans la lignée de « Vultures » dans My Friends All Died In A Plane Crash. La rythmique de cette chanson était vraiment pas mal, et à mon avis c’est ce qui manque un peu.
    Mais qu’on se le dise : ça ne m’empêche pas d’adorer Cocoon, quoiqu’il arrive ! 🙂

  3. Nathan says:

    Je trouve cet album infiniment moins bon. Je partage la plupart de ta critique mais j’ai du mal avec la conclusion. Je trouve que Cocoon se perd dans un « sur arrangement » trop pop, comme une peur du vide. Aucune intro à la guitare acoustique ne se fait sans que suive toute une panoplie d’instrument jusqu’à étouffé le son de l’acoustique elle même, bizarre pour un groupe de folk. Pour moi l’album n’est pas destiné à un public plus restreint au contraire. Après j’ai toujours préféré une version acoustique épurée à un morceau trop produit, d’où mon agacement, pour moi cathedral sonnait mieux avec ce jeu de grat et ce son si particulier et deux voix qui se pose tranquillement. Aucun morceaux n’a été réellement capable de me scotché. Déçu quoi.

  4. Deuxfleurs says:

    Du même avis que Nathan. L’album entier manque d’une étincelle, un truc qui pétille quoi. A se demander si l’arpège de Mark n’est pas le meme sur les 3/4 des chansons. J’ai franchement peur de m’ennuyer si je vais les voir en concert.

    Je trouve vraiment le premier album plus intéressant, avec des riffs rythmés, entrainants et variés.

    également deçu.

  5. Nathan says:

    Je pense que ca restera bon en concert au vu des quelques versions live déja présenté sur quelques morceaux. Après faut pas s’attendre à de l’innovation quoi. Je crois qu’on peut pas non plus espérer de croisé de vrai fan de folk dans le public, ca commençait déja a critiqué le groupe dans le milieu et le nouvel album n’arrangera rien je pense. C’est plus un groupe grand public maintenant ou folk très accessible quoi, il prendront pas beaucoup de risque sur scène.

  6. Jude says:

    Ta critique est très juste et toutes tes analyses de chaque chanson sont très bien faites.

    Moi, cet album, il me fait voyager. Parce que dans My Friend All Died In A Plane Crash, on a pas cette continuité, cette histoire qu’on retrouve par contre dans ce second album : Celle d’un garçon rencontrant Yum Yum la baleine volante, partant tous les deux à la découverte du monde (ou, du coup, des océans ?… D’ailleurs je tenais à préciser que la pochette est vraiment bien faite, pleine de poésie).
    Je pense qu’un deuxième album doit, en général, être différent du premier, parce qu’à mon avis Mark & Morgane cherchent à définir un style particulier (parce que c’est vrai, c’est même pas du « folk », c’est du « cocoon » à part entière, je trouve !).

    Alors bien sûr, on compare. J’ai pas mal lu les critiques sur Deezer, et revenait souvent le commentaire accusant le duo de sombrer dans les mêmes mélodies, les mêmes rythmes… Mais je pense que c’est justement cette subtilité qu’ils ont voulu nous apporter, nous montrer que non, Cocoon n’est pas un « groupe commercial qui fait la vitrine Fnac pendant 1 mois », mais bien un vrai assemblement de musiciens/chanteurs extrêmement doués ; Parce que oui, on retient peut-être mieux une chanson de Lady Gaga quand on l’a entendu une fois que « Oh My God » ou « Baby Seal » (je cite au hasard, mais il me semble qu’elles font partie des moins mélodieuses au premier abord).

    J’avoue que je ne les ai jamais vus sur scène. Mais pour au revenir au commentaire sur l’album, pour ma part je le redis encore une fois, je le trouve… planant. Il me fait rêver. Mark & Morgane m’emmènent voyager parmi les Dauphins et les bébés phoques, sans aucune niaiserie, à bord d’une baleine volante. Parce qu’après tout, la musique, le folk d’aujourd’hui, c’est peut être simplement arriver à nous faire rêver ?

    Merci Cocoon.

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