Interview de MØ – No Mythologies To Follow

Interview de MØ – No Mythologies To Follow

A à peine 24 ans, (aka Karen Marie Ørsted) est une jeune chanteuse et compositrice danoise pleine d’énergie. Après un featuring très remarqué avec Diplo, sur le titre « XXX 88 », la jeune scandinave qui n’a pas froid aux yeux, est venu à Paris en février dernier  pour nous présenter en avant-première son tout premier album « No Mythologies to Follow».  Le premier single « I don’t wanna dance » donne ainsi le « La » et démontre que cette chanteuse  est aussi à l’aise tant sur de la pop-électro que sur du rock alternatif voire punk. MØ est une véritable guerrière qui en 2014, compte bien faire partie des révélations internationales.
C’est dans le cadre d’un hôtel cosy de Paris que j’ai rencontré M
Ø. Longue chevelure brune,  grande natte, elle semblerait  presque timide, mais ne vous fiez pas aux apparences. Sur scène,  la jeune femme se transforme en véritable diablesse et envoie virevolter sa jolie chevelure comme si elle était possédée par les dieux du punk.

 

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Gene : Après t’avoir vu sur scène à la Maison du Danemark, j’ai été très  étonnée de voir toute l’énergie et la folie que tu dégages sur scène. L’écoute de l’album au demeurant très cool, et l’interprétation scénique fiévreuse et révoltée, sont deux approches radicalement différentes alors que ce sont les mêmes morceaux. Comment expliques-tu cela ?

MØ : Je pense que tout d’abord entre l’album et la scène, c’est une question de se laisser aller, de lâcher prise et être encore plus dans les paroles. J’écris les paroles et Ronni compose la musique et s’occupe aussi de la production. Donc quand j’écris les paroles, il est surtout question de laisser exprimer ses frustrations et toutes les choses difficiles qui sont en moi.
J’ai toujours senti en moi cette rupture et ce feu  qui bouillonnait comme une forme d’agression.  J’ai été dans un groupe punk durant 5 ans et je pense que cette énergie vient de là quand je suis sur scène. Composer et performer sur scène, ceux sont deux choses que je ne calcule pas,  je pense plutôt à être  moi-même  pour rentrer à fond dans la musique. Quand je vais à un concert, je veux voir les artistes incarner leur musique et voir toutes les émotions qui se cachent derrière leurs chansons.
Pour moi,  la scène ce n’est donc pas retrouver l’exacte retranscription d’un album en studio. C’est totalement en rapport avec l’instant et surtout avec le fait de raconter une histoire.

 

Gene : J’aimerais en savoir plus sur toi. Comment l’histoire a débuté et d’où viens-tu exactement ?

MØ : J’ai commencé à faire de la musique j’avais environ 7 ou 8 ans parce que j’étais à l’époque très inspirée par les Spice Girls (j’éclate de rire avec elle). Toutes les filles de mon âge étaient complétement folles des Spice Girls, car c’était si facile de se reconnaître dans l’une de ces 5 filles si différentes les unes des autres et de ce « Girl Power ». J’ai donc sérieusement pensé à une carrière musicale alors que je n’étais encore qu’une enfant. C’est donc comme cela que l’histoire commence mais fort heureusement, mes orientations musicales ont évolué. J’ai appris à jouer du piano mais je ne suis pas très douée. Quand je suis devenue adolescente, je me suis intéressée  à la politique particulièrement à l’extrême gauche et à la musique Punk. C’est à ce moment que j’ai joué dans ce groupe punk pendant 5 ans et je faisais pas mal de choses dans ces mouvements politiques d’extrême gauche voire anarchistes, et antifascistes…

 

Gene : Est-ce à ce moment-là que tu as compris que tu devais faire ta propre musique ?

MØ: A l’époque, j’étais étudiante aux Beaux-Arts au Danemark. Un de mes professeurs m’a dit un jour : « Tu devrais trouver ta voie, Karen et essaie de faire quelque chose avant tout pour toi ».
J’avais à l’époque 19 ans. Et j’ai commencé un projet solo. Et à cette époque-là, j’ai eu envie de m’essayer au Hip Hop parce que ce mouvement était finalement proche de l’environnement du Punk. Les deux tiennent des propos similaires sur la police (…) ou encore la politique, avec aussi cette même énergie diffusée,  cette même rage parfois.  Ce sont deux styles vraiment différents mais parallèles dans un sens. Ca m’est donc apparu assez naturel de m’orienter vers le Hip Hop. Quand j’ai donc commencé en 2009, je rappais dans le style, « crunk rap » avec de l’electro beat bien lourde. Et puis j’ai rentré Ronni en 2012 et j’ai commencé à montrer un côté de moi plus personnel et être vulnérable, moins dans l’attitude ou dans l’agressivité.  C’est à ce moment que j’ai écrit « Maiden », qui était au début  juste « a capella ». Quand j’ai commencé à travailler avec Ronni sur cette chanson.

 

Gene : Comment votre collaboration, a-t-elle débuté  Ronni et toi  ?

MØ: A l’époque, j’étais à New York avec mon groupe Punk , nous étions dans un stage de musique et je savais que j’avais un très gros et impressionnant festival  à faire une fois de retour au Danemark. Donc mon manager et moi, on savait qu’il fallait qu’on travaille de nouveaux morceaux,  et mon manager travaillait déjà avec Ronni et il lui a joué le titre « Maiden ». Et Ronni l’a aimé et il l’a produit. La première fois où nous avons travaillé ensemble c’était à New York, mais sans jamais nous rencontrer (Ronni au moment de l’interview est assis à la table attenante, et  intervient pour confirmer le fait qu’ils ne s’étaient jamais vus). C’est finalement assez bizarre car nous avons fini notre collaboration sur « Maiden » (la deuxième chanson de l’album)  et après, j’ai rencontré Ronni quand je suis revenue de New York. Nous avons repris contact un jour avant que le festival ne commence et c’est  à ce moment que nous avons débuté notre collaboration. C’est devenu comme une évidence,  l’accord parfait.

 

Gene : « Maiden » a été le point de départ de votre collaboration mais aussi celui de l’album. Comment avez-vous enchaîné sur les titres suivants ?

MØ: Après avoir réalisé ce titre « Maiden », nous avons eu de nombreux contacts de labels anglais assez importants et d’autres qui commençaient à s’intéresser à  nous et qui voulaient en écouter plus.  Et donc, nous avons juste fait de nouveaux morceaux et les choses, ceux sont passées comme ça, simplement.

 

Gene : Parlons de l’atmosphère de cet album. Il comporte plusieurs tonalités, plusieurs influences, comment le décrirais-tu ?

MØ: Je ressens  cet album plutôt comme une histoire, celle de se sentir désorientée et perdue dans la société. Et nous ressentons tous ces émotions à différents moments de nos vies. Mais surtout quand tu es jeune car tu es plus vulnérable. Je suis jeune et c’est vrai que tu te sens souvent perdu et désarmé dans notre société qui ne se préoccupe que du  « Moi, moi, moi ». C’est donc un album qui explore les différentes émotions que tu ressens quand tu es jeune et désorienté.

 

Gene : Concernant la musique, tu explores différents territoires,  comment orientes-tu tes choix, toi qui fait de si nombreux grands écarts musicaux ?

MØ : Ce n’est pas quelque chose que je réfléchis… de faire une chanson qui contient tel ou tel truc que tu aimes. Je pense que le Punk peut n’être qu’une attitude, qu’un état car ce que j’aime finalement dans le Punk c’est la puissance de l’agressivité mais aussi la vulnérabilité qu’il s’en dégage lorsque tu te laisses aller et que tu te décharges totalement. Une liberté tout simplement.  Et c’est vraiment ce que j’aime dans la musique Punk. Quand on écrit la musique avec Ronni, on ne se dit pas qu’on va écrire une chanson Punk mais c’est important de sentir cette vibration et cette énergie constante. Mais avant tout c’est d’être honnête et d’être soi-même sans chercher à vouloir ressembler à quelqu’un d’autre. Ca semble un peu facile de dire ça mais c’est pour moi essentiel.

 

 

Gene : Dis-moi, comment en es-tu arrivée à collaborer avec Diplo et à enregistrer le titre « XXX 88 » présent sur ton album ?

MØ : Pour ne rien te cacher, c’était un peu bizarre car nous avions eu une interview pour « DIY Magazine » en Angleterre et ils m’ont demandé quelle serait ma collaboration rêvée.  A cette époque, j’écoutais en boucle Major Lazer et son titre « Get Free » et j’ai spontanément répondu, Major Lazer.

Et le rédacteur qui a fait cette interview, a demandé à Diplo de collaborer avec moi et Diplo a répondu qu’il adorait ce que je faisais. Mon manager et moi, on en revenait pas. Donc on s’est calé pour une session à Amsterdam avec Ronni et Bjorn et la team de Major Lazer. Nous avons eu une courte session d’enregistrement ensemble et c’est comme ça que ça s’est passé. Mais je me souviens que nous étions assis dans le studio et on attendait Diplo et son équipe et nous nous disions,  qu’ils ne viendraient pas. C’était tellement irréel. Et puis, ils sont tous sortis du même taxi et là, on s’est dit… wouahhh… c’était une super expérience et de temps, en temps on se recroise, on reste en contact. On a été en tournée avec eux en France, à Lille et à Nantes.

 

Gene : Comme je suis terriblement curieuse, quelle est la bonne prononciation du nom de ton groupe MØ et quelle en est sa signification ?

MØ : Tu dois le prononcer « Meu ». Cela signifie dans un très ancien danois, un enfant pur et préservé. Toutes les chansons traitent de la jeunesse et du fait d’être perdu, et non préparé à affronter la vie.

 

Gene : Tu vas faire  une scène en France le 24 mars à La Maroquinerie, quelle est ton ressenti à propos du public français ?

MØ : J’ai eu de très belles expériences avec le public en France. Quand je suis sur scène et que je regarde le public, je les sens totalement avec moi et c’est tellement cool, j’adore ça ! Je ressens à chaque fois une très grande connexion entre le public et moi. En novembre dernier quand j’ai joué à l’occasion du festival des Inrocks, j’ai pu voir que le public était curieux et très attentif à ma musique. Ca m’a vraiment ravie et rendu heureuse.

 

Gene : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de ton album. Laquelle serait-ce et pourquoi ?

MØ : C’est très difficile de choisir sachant que l’album est pareil à une histoire comme je te le disais précédemment. Mais si je devais n’en retenir qu’une, ce serait sûrement « Pilgrim ». C’est une chanson très simple avec une production très fraîche. Elle réunit des éléments que j’affectionne particulièrement dans une chanson : une mélodie prenante, avec des paroles sont simples mais profondes. C’est en fait une jolie chanson, simple et forte à la fois.

 

Gene : Quand tu viens en France, qu’est-ce que tu apprécies tout particulièrement (il n’est plus question de musique) ?

MØ : Je dois dire qu’ici la nourriture est particulièrement excellente. Je sais que ce n’est pas très original mais j’adore la cuisine française. Et manger un bon plat avec un bon verre de vin, c’est tellement fabuleux. On n’a pas ce type de plaisir au Danemark, il fait si froid.

 

  • L’album« No Mythologies to Follow»  de MØ est sorti le 24 février 2014 et disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légal
  • MØ sera en concert à la Maroquinerie lundi 24 mars 2014
  • Découvrez son site internet  : http://www.momomoyouth.com/

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