Les Inrocks festival – Vendredi

Et nous y revoilà un an après; à la Cigale, bière en main, les poches pleines d’échantillons de Black XS. Le festival des Inrocks nous a prévu une soirée éclectique; du folk progressif, du dub-step mystique ou de la pop sexy. 19h, les lumières s’éteignent, le spectacle commence.

Singtank, c’est le groupe formé par Joséphine De la Baume avec son frère Alexandre et deux autres mecs que personne ne mentionne jamais. Ou peut-être, c’est le groupe formé par Alexandre De la Baume en utilisant sa sœur Joséphine. Il y a tellement de groupes comme celui-ci que sans la nouvelle Madame Mark Ronson au micro, il y a peu de chance qu’on ne les ait jamais vus sur la scène de la Cigale. Il serait injuste de dire que Singtank n’a aucun intérêt. Le chant de Joséphine de la Baume n’a aucun intérêt. Ses « ouh ouh ouh » sur ‘Nuthouse‘ sont infiniment plus jolis sur youtube que sur scène, où ils font plus penser à une sorte de bruit de sirène irritant. Si cet état de fait pourrait passer inaperçu à la lumière du talent incontestable de son frère, il devient malheureusement plus qu’évident sur ‘anorexic beauty‘ que la place de la demoiselle est plus près des podiums que d’un micro. Histoire d’achever le set et nos derniers espoirs, ‘I’ll never love again‘ ferait une parfaite bande son pour un prochain Disney sur une troupe de canards.

Arrive sur scène les new-yorkais d’adoption de Cults, menés par cet espèce de dirty blanche neige qu’est Madeline Follin. Résolument sexy, la pop bubblegum de Cults fait son petit effet sur la foule. Malgré les éclairages foireux et un sur-jeu très américain, les mélodies du groupe vous envoient direct sur une plage de sable blanc, donnent envie de se déhancher au milieu des cocotiers. Un peu sixties, un peu exotique, un peu trendy, un ‘Go outside‘ excellent.

La réputation de Laura Marling la précède, la Cigale s’excite, s’impatiente. L’anglaise de 22ans fait son entrée simplement sous les clameurs, guitare à la main, probablement en pyjama. Dotée d’une aura de conteur, elle apaise la salle en trois accords. La Cigale se transforme en Église, les morceaux en chants christiques. Laura Marling chante comme elle respire, naturellement, sans fioritures, pas de longs cheveux ondulés ou déhanchements enchanteurs. Joséphine, au lit. Gentiment country par moment (‘Devil’s spoke‘), on ne sait plus trop de qui elle hérite ce folk, cette tradition de storytelling. On pense à PJ Harvey, à Belle & Sebastian, à Bob Dylan mais surtout on pense à elle parce qu’il n’y a que ça à penser. Son charisme de petite chose blonde ne laissera personne indifférent et elle laisse une Cigale conquise, relax, mais pas vraiment prête pour le prochain choc.

James Blake. L’ovni du festival. Futuriste, sombre, minimaliste, le style du jeune anglais intrigue, passionne, irrite certains. Avec sa gueule de néo-gentleman croisé enfant de chœur, James Blake hypnotise la Cigale à grand coup de fascinants son d’orgues, d’échos et de trucs super bizarres qui nous laissent d’abord perplexes sur nos fauteuils. Dub-step, dit-on. Gros succès en tout cas, un charme british incontestable et cette musique cosmique, mystique, psychédélique. Monsieur nous fait des morceaux avec deux phrases, misant tout sur le son qu’il produit de ses quelques machines et de sa voix extraordinaire. ‘The whilhelm scream‘, à écouter en fin de soirée, sous un ciel noir sans étoile, clip super psyché à l’appui. Quand James Blake lâche son ordi, c’est une tout autre magie qui s’installe, celle d’un mec avec une voix unique qui joue du piano comme un Dieu. Pour les non-initiés, commencez par ‘Limit to your love‘.

Et sur cette touche de mystère que s’achève cette première soirée. A demain la Cigale.

Photos par Camille Quancard.

1 commentaire
  1. lastbutnotleast says:

    MERCI! MERCI! MERCI!
    J’étais au festival des Inrocks et c’est le premier compte-rendu objectif que je lis, notamment au sujet du groupe Singtank. Je me suis demandé (et le public aussi, semble-t-il) pourquoi ils avaient été programmés parmi les brillants artistes présents à la Cigale ce soir-là, et pourquoi ils avaient été programmés tout court et j’ai enfin ma réponse!
    Tout ce que vous avez écrit à propos de leur concert est extrêmement pertinent.
    Le talent ne se transmet pas par les gènes, mais pas non plus par le mariage.CQFD

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