Cocorosie @ Casino de Paris

Pour marquer la sortie de leur nouvel album, « Grey Oceans », le duo Cocorosie s’est produit sur la scène du Casino de Paris pour deux soirées exceptionnelles, les 21 et 22 mai dernier. Devant une salle comble, les frangines Casady (Bianca et Sierra) ont investi les lieux et projeté le public dans un univers baroque parsemé de rêveries, de surprises et d’enchantements.

La magnifique journée ensoleillée ne m’a pas précipité trop tôt devant les portes du Casino de Paris. Cependant, suffisamment pour que je découvre la première partie, pour le moins surprenante. Exit l’ambiance de velours rouge de la salle des pas-perdus du Casino de Paris, à peine les portes battantes franchies, me voilà assaillie par des rythmes africains effrénés.

Konono N°1 enflamme la scène. Cette formation venant de Kinshasa (République du Congo) mélange énergiquement les rythmes des likembés (« piano à pouces ») à celles des percussions. Ce groupe fondé à la fin des années 60, est une réelle institution. Sur scène, les instruments bricolés s’orchestrent au son d’un sifflet et des djumbés. Le public parisien tout en retenu au début, commence peu à peu à se lâcher répondant aux multiples invitations du chanteur (certainement plus habitué à  avoir une audience survoltée). Au centre de la scène, la chanteuse et seule femme du groupe entame un déhanchement qui me donne le tournis. Le public danse, les sourires fusent. Konono N°1 tout en générosité, offre au public, un voyage de 45 min. pour Kinshasa.

 

Après une attente de près de 45 minutes (insupportable par cette chaleur), le concert peut commencer. Cocorosie formé en 2003, se compose des sœurs Casady, Sierra (la grande brune extravertie) et Bianca (la blonde réservée) et ne cesse d’impressionner par sa liberté et sa richesse musicale. Le secret réside peut-être dans l’incroyable alchimie qu’il existe entre les deux sœurs, deux personnalités tant opposées que complémentaires. Assister à l’une de leur concert, c’est accepter de se laisser–aller à rêver les yeux grands ouverts, de dépasser les styles et de reprendre le temps d’un instant son âme d’enfant.

La scénographie est épurée, voire brute. Le duo entre en scène précédé de deux musiciens (un pianiste et un percussionniste). Un cinquième fait son apparition et prend position à l’extrême gauche de la scène, la tête ornée d’un chapeau, il a l’allure d’un clown triste. C’est l’incroyable beatboxer Tez (qui a déjà participé au précédent album « The adventures of Ghosthorse and Stillborn ») et qui va vraisemblablement donné à cette soirée des teintes hip-hop.

Comme à leur habitude, les costumes et les maquillages sont soigneusement recherchés. Pas d’époque, de styles précis mais des influences empruntées à un certain folkore d’Europe centrale. Toutes deux sont vêtues de longues capelines : Sierra laisse entr’apercevoir un bustier en latex noir (très sexy), Bianca quand à elle, est parée d’un capuchon gris qui ne dévoile rien de son minois. Leurs visages paraissent souillés, comme des enfants qui auraient trop joué dans le grenier.  C’est ça, l’univers de Cocorosie, les rêves, les cauchemars et surtout le plaisir de partager avec son public une découverte, une expérience. La vidéo d’un vieux manège tournoyant est projetée en arrière-plan. Sierra de sa voix lyrique et terriblement envoûtante, captive l’audience. Elle est impériale, surtout quand cette Diva d’un autre genre, devient harpiste, le temps d’un morceau. Le piano de Gaël Rakotondrabe l’accompagne fidèlement. Ce pianiste de jazz, qui a collaboré à leur dernier album « Greys Ocean », apparaît sur scène, comme un lien entre les deux sœurs, « leur troisième voix».
Tez apporte la touche Hip-Hop et offre une impro solo effrénée, à couper le souffle, j’en suis restée sans voix. Il est exceptionnel. Il y a dans ce concert comme une volonté de s’attacher à l’essentiel, à l’essence même des émotions que génère la musique.
Que dire de la voix de Bianca, cette voix enfantine, à la fois cristalline et fragile. Quand elle combine, cet organe à un vieux dictaphone qu’elle rembobine « en live », cela donne, un morceau sublime empreint de mélancolie qu’il est même difficile de décrire tant il se ressent. Lorsqu’elle reprend « Turn me on », de Kevin Lyttle, on est bien loin de l’ambiance caribéenne de la version originale. Toute en hésitation et en fragilité, son interprétation transcende la sensualité de ce morceau.

L’électro a aussi sa place dans le répertoire du groupe. En interprétant « K-Hole », le groupe électrise le public alors que Tez déverse un bpm  impressionnant. Après trois rappels, rien que ça, le public en redemande encore. Un concert surprenant qui aura laissé le public dans un état second et confronté l’univers chimérique de Cocorosie au réalisme de la scène.

Le dernier opus de Cocorosie, « Grey Oceans » est dans les bacs depuis le 11 mai.



www.myspace.com/cocorosie




www.cocorosieland.com

Aime écouter, voir, écrire mais avant tout, aime partager.
8 commentaires
  1. Clara says:

    trés beau texte, excepté votre erreur sur à peu prés chaque nom. Vous avez inversé Bianca et Sierra. Leur nom de famille est Casady. La chanson s’appelle K-Hole et le nom du pianiste est rakotondrable.

  2. Gene says:

    Ok pour vos commentaires et merci, je vais faire les modifs au plus vite.
    J’ai un sérieux problème de noms propres, c’est certain 😛
    Le nom précis du pianiste de Cocorosie est finalement : Rakotondrabe.

  3. quand à l’origine de notre nom il nous vient de mon père Malgache et la mère de gaêl est de la Réunion ! et quand au percussionniste que vous n’avez pas nommé il s’agit de Marc Lacaille cousin de Gaêl et fils du célèbre René Lacaille !
    voili voilà ! tout est dit !!!

  4. Laguilheme says:

    Merci beaucoup pour toutes ces précisions et encore bravo à votre fils qui nous a gratifié lors de cette soirée d’une grande prestation. Petite rectification, c’est moi initialement qui avait inversé les 2 prénoms et écorché votre nom ! Mea culpa !

  5. Nom* says:

    Merci de donner le nom du batteur car il est souvent difficile de trouver toutes les infos.
    Quant à l’origine de votre nom, en faisant mes recherches, j’ai lu une interview très interessante de votre fils sur un site « reunionnais du monde ». Etant moi-même d’origine rodriguaise (Ile Maurice), je me suis intéressée d’autant plus à son parcours…

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