Arctic Monkeys – suck it and see

‘She’s thunderstorms’… parfaite ouverture pour un concert de stade, lumières tamisées et échos mystiques. C’est comme ça que s’ouvre le quatrième album des Arctic Monkeys de Sheffield, moins de deux ans après leur perturbant mais époustouflant « Humbug ».Les Monkeys continuent leur bout de chemin en toute sérénité, continuent de se promener entre l’Angleterre et les Etats-Unis. Semblent montrer qu’ils n’ont plus rien à prouver en choisissant le studio qui a vu naitre « Nevermind » avec lequel nous éviterons poliment toute comparaison.« Suck it and see » hésite en permanence entre desert rock et pop aux refrains aériens.

Black Treacle’ sonne limite rock sudiste, ca parle de cabriolet, de visions nocturnes et ça sent la Californie, où le groupe a enregistré encore une fois. Gentiment absurde comme d’habitude, Turner nous ballade modestement en chantant “I poured my aching heart into a pop song, I couldn’t get the hang of poetry”, alors que Matt Helders nous assure “I wanna rock’n’roll” sur ‘Brick by brick’. Puissant et sexy,  le batteur pourrait bien déchirer en live.

http://youtu.be/1RkqKu7HjGk

 

L’influence de Josh Homme flotte toujours autour du groupe, ‘Don’t sit down ‘cause I’ve moved your chair’ fait l’effet d’un bon ‘my propeller’ (Humbug), tout en puissance retenue et en « yeah yeah yeah » plein de suspense.
Une bonne partie de cet album compose donc avec des guitares acérées et des chœurs psychés (‘Library pictures’) – mais l’autre partie s’aventure dans le langoureux, une façon de dire que le groupe ne se vautre pas sur ses lauriers.

On retrouve l’ambiance de « Submarine » avec ‘Piledriver waltz’, ainsi que l’écriture d’Alex Turner et ses métaphores, you look like you’ve been for breakfast at the heartbreak hotel… 3min24 acclamées, qui suffisent à prouver que le groupe en a encore sous la pédale wah-wah. Cinq ans après un premier effort devenu mythique, Turner et ses potes se hissent de groupe de la génération à groupe intemporel.

Classique dans le genre brillamment absurde, ‘The Hellcat spangled shalala’ fait penser à « Humbug », agréable même si on comprend pas bien de quoi on parle ; her steady hands may well have done the devil’s pedicure, what you waiting for to sing a fuckin’ shalala…Peut-être un peu facile, mais on se voit bien claironner « shalalala » aux dernières heures des nuits estivales…

Reckless serenade’, ‘That’s where you’re wrong’, ‘Love is a laserquest’ forment un ensemble assez homogène de guitares claires et envolées lyriques, qui s’éloignent de l’insolence jouissive qui leur est propre. On s’attendait aussi à quelque chose d’un peu plus incisif pour la chanson éponyme ‘suck it and see’ qui s’avère en fait être un joli moment un peu aérien qui gagnerait à être un peu moins joli.

Ce quatrième album s’achève un peu brutalement, sur une touche pas révolutionnaire (‘That’s where you’re wrong’), mais il manquera surtout aux fans le dance-floor filler, le morceau qui nous ferait danser tout l’été. Il manque à « Suck it and see » ce qu’il manquait déjà à « Humbug » ; un ‘I bet you look good on the dancefloor’, ou la perspicacité d’un ‘Still take you home’.
Les Arctic Monkeys ne bousculent pas et sous prétexte de se diversifier perdent peut-être un tantinet de leur originalité et de leur énergie en Californie. Peut-être que les Monkeys viennent seulement de pondre « l’album de la maturité », mais c’est chiant de le dire. Rappelons nous surtout de ces quelques perlounettes que sont ‘She’s thunderstorms’, ‘Brick by brick’, ‘Black Treacle’ ou ‘Don’t sit down ‘cause I’ve moved your chair’.

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